Le kieselguhr de Bernasso

    Ce nom germanique, désigne une roche d’origine organique composée des squelettes siliceux de diatomées, algues microscopiques, unicellulaires. C’est leur accumulation, pendant des milliers d’années qui donne cette roche appelée aussi diatomite.

     Sur le domaine de La Dournié (à Lunas) existe, près de la source de Bernasso, un affleurement de diatomite.

 

   Une coulée basaltique, issue de la chaîne volcanique de l’Escandorgue, en barrant une vallée, a engendré un lac (2 kilomètres de long sur 300 à 500 mètres de large) où pullulèrent les diatomées entraînant la formation du kieselguhr. Des feuilles de végétaux occupant les rives s’y sont fossilisées. Leurs empreintes conservées dans la roche, ainsi que de nombreux pollens, apportent de précieux renseignements sur la flore du début du Quaternaire (charmes, érables…). L’épaisseur des sédiments ainsi déposés est estimée à 35 mètres.

 

   Le kieselguhr (daté d’environ -1,6 million d’années) alterne avec des cendres correspondant aux phases d’activité volcanique.

 

   La présence du basalte au-dessus des dépôts de diatomite rend son extraction, envisagée à une époque récente, techniquement difficile. L’affleurement reste un site géologique de première importance que les élèves de l’université de Montpellier ne manquent pas de venir étudier lors de leur cursus.

 

   Le kieselguhr trouve de nombreuses utilisations dans l’industrie :

 

           - fabrication de certains ciments et bétons réfractaires ;

           - filtration (les particules ont une taille comprise entre 10 et 200 micromètres) ;

           - abrasif doux (dentifrices) ;

           - pesticide naturel en agriculture biologique ;

 

... mais aussi dans l’élaboration de la dynamite !

 

   Alfred Nobel, au cours de ses travaux sur les explosifs, voulut remédier à l’instabilité de la nitroglycérine responsable de redoutables accidents. Il rechercha une matière absorbante pour la fixer. C’est ainsi qu’il employa successivement du charbon en poudre, de la craie pulvérisée, du sable… et cette roche, tendre et poreuse, capable de retenir jusqu’à 75% en masse du liquide huileux dangereux. Il fabriquait ainsi un explosif solide beaucoup plus sûr et il ne restait plus qu’à lui associer un détonateur pour déclencher l’explosion. Ce nouveau produit baptisé du nom de dynamite, fut breveté en 1867. Nobel mit au point des poudres de sécurité de puissances diverses renfermant 20 à 60% de nitroglycérine.

 

    Il est amusant de penser qu’au XIXe siècle, les Lunassiens, concernés par la dynamite avec André Mialane, ignoraient la présence, sur leur commune, de cet important gisement qu’ils n’auraient certainement pas manqué d'essayer d’exploiter !

 

Flore fossilisée dans le kieselguhr de Bernasso... cliquez

 

Jeannine et Lucien Osouf, décembre 2024

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