L'extension du village sur la rive droite du Gravezon au XIXème siècle.

   Jusqu’à la Révolution le village de Lunas n’occupe que la rive gauche du Gravezon : les flancs du rocher du Redondel, les quartiers de Villeneuvette, de la Costete et du Barry.

   Cette situation perdure dans le premier quart du XIXème siècle comme le confirme le cadastre napoléonien. Sur Lunas, les relevés seront effectués en 1827 par le géomètre Bastide fils jeune.

   Une carte simplifiée, établie à partir de ce relevé cadastral, permet de bien visualiser la répartition des habitations et de constater qu’en 1827, seules deux constructions existent sur la rive droite du ruisseau, face au Barry : la grande maison « carrée » à l’extrémité ouest du pont Vieux (construite en 1802 - propriété Couderq ) et le moulin des Pipes (propriété du château).

 

Document établi par Guy DOUMAYROUX à partir des relevés cadastraux.

    A partir de 1820, on procède à la rectification du tracé de la route de Castres à Lodève. Ce chantier touchera Lunas vers 1830 avec de nombreuses incidences sur le développement de l’urbanisation du village.

   Cette route, dans son tracé ancien, traversait le village en longeant le Gravezon sur sa rive droite, (face à l’église Saint Pancrace), pour le franchir par le pont Vieux, s’engageait entre les maisons dans une ruelle entre le moulin Ciffre et la maison Boulouys pour tourner rapidement à angle droit au niveau de la rue de l’Hôpital (accès à la Costete) et poursuivre vers les premières pentes de la côte de Lodève. Le tracé nouveau évite tout cela en passant loin du ruisseau dans un schéma plus souple amenant la construction d’un pont plus large pour le franchissement de la rivière. En 1827 les travaux de la nouvelle départementale numéro 8 n’ont pas encore commencé comme le montre le cadastre. Le « Grand pont » fut terminé vers 1840 puisque l’on sait que c’est cette année-là qu’Antonin Seguier, son constructeur, en posa la clef de voûte. On peut donc, en regroupant tous ces éléments, affirmer que ces « grands » travaux s’étalent sur la période 1830-1845.

   Cette route favorise l’implantation de nouvelles constructions. A cette époque, l’économie de la région est en plein essor. Les activités industrielles s’y développent : exploitation des mines, verrerie… La démographie explose : de 1100 âmes en 1792, la population passe à 1504 en 1841 (+ 37 % en 50 ans) !

   Un nouveau quartier s’établit à l’écart du vieux village, sur le côté nord de la voie créée. Les maisons restent accolées, adossées au flanc de la colline, avec vue imprenable sur la rivière, aucun obstacle n’existant entre elles et le Gravezon. Un inconvénient subsiste : il est isolé du cœur du village et notamment de son église qu’on ne peut rejoindre qu’en empruntant le pont Vieux puis celui du ruisseau de Nize. Certes, la mairie a construit une sorte de passerelle en bois, au niveau de Villeneuvette, mais elle n’est pas empruntable par les animaux et inutilisable en période de crue. Pour pallier cet inconvénient, Hippolyte Charamaule propriétaire du château de Lunas, lance une souscription afin d’édifier un nouveau pont au niveau de l’église : il sera réalisé en 1854.

   En 1850, la compagnie des Chemins de Fer du Midi et du canal latéral à la Garonne étudie le projet d'une ligne de chemin de fer, qui, de Béziers permettrait d'acheminer les vins languedociens jusqu'à Paris et de désenclaver les mines de charbon mises en exploitation dans les Hauts Cantons de l'Hérault (Graissessac, Le Bousquet-d'Orb). Le  "plan parcellaire des terrains à acquérir dans la commune de Lunas", établi par leurs soins, nous fournit un état du bâti vers les années 1865-1870.

   L’analyse de ce document, ainsi que celle d'un autre plan provenant des archives Charamaule et datant des années 1855-1860, permettent de connaître les noms des propriétaires de ces nouvelles maisons.

   Voici donc l’état du bâti, à la fin du second Empire, sur la rive droite du Gravezon : (cliquez)

de l'entrée du village à la rue des Fourches

de la rue des Fourches au pont Neuf

   Quelques remarques à propos des renseignements fournis par ces plans :

   La mise à jour des noms des propriétaires n’est sûrement pas complète. C’est ainsi, qu’à titre d’exemple, on y note que le propriétaire du pigeonnier seigneurial est Ollier Fulcrand. Or cet ancien propriétaire du château est décédé en 1834.

   Les premières constructions, en venant du Bousquet, sont celles occupées de nos jours par le "Manoir du Gravezon" qui, à l'époque, était un relais de poste. On y changeait d'attelage ou on s'y procurait des chevaux supplémentaires pour aborder la dure côte de Lodève, dès la sortie du village.

   Le côté "rivière" de la route n'est pas bâti, à l'exclusion de la parcelle 477g de Baptiste Cambon.

   L'actuelle "rue des écoles" est rectiligne. Initialement, elle s'arrêtait au niveau de la propriété Couderq. Elle a été prolongée vers 1855 pour rejoindre la départementale n°8 et constituer une liaison entre les deux voies, l'ancienne et la nouvelle.

   Le plan montre bien le trajet du béal alimenté par la source du Vivier. Ce béal, à l'époque de l'établissement du plan, était à l'air libre, sauf dans sa partie allant de l'actuelle croix de mission au pont de l'église construit en 1854. Pour traverser les routes, il passait déjà en souterrain.

   C’est en 1862 que l'on construit une école devenue de nos jours la mairie. Elle figure sur le document de la Compagnie des Chemins de Fer permettant ainsi de le dater ( vers 1865).

(documentation réunie et mise à jour par J. et L. Osouf - février 2006)