Trois figures de l’époque ont contribué à la réussite d'André Mialane...

Michel Chevalier (1806-1879)

   C’est lui qui conseilla à André Mialane d’aller rencontrer Nobel...
   En 1825, il sort major de Polytechnique et entre à l’École des Mines. En 1830, il abandonne son poste d’ingénieur pour se consacrer à la propagande saint-simonienne à travers le journal, Le Globe, dont il devient rédacteur en chef. Après une période de succès, l’école saint-simonienne connaît de mauvais jours. Des différends entre ses membres provoquent son éclatement. Accusés d’escroquerie, d’immoralité et de non-respect du code pénal (interdisant les réunions de plus de 20 personnes), au cours d’un procès en août 1832, la société est dissoute et Michel Chevalier, comme éditeur du Globe, sera condamné à 6 mois de prison.
   Toutefois, ses travaux et publications avaient attiré l’attention des connaisseurs. En 1831, dans Le système de la Méditerranée, on retrouve la hardiesse et l’avant-gardisme de ses idées : alors que le chemin de fer apparaît (et que beaucoup nient son avenir), il envisage déjà un réseau européen, reliant les pays et se prolongeant, par la Russie, vers la Turquie et l’Orient. Il imagine le percement des isthmes de Suez et de Panama. À sa libération, le ministre de l’intérieur Adolphe Thiers l’envoie en mission aux États-Unis et au Mexique pour y observer l’état industriel et économique des Amériques. Il y découvre un pays et une société lui rappelant certaines idées saint-simoniennes : l’autocratie industrielle, l’absence de noblesse, la femme entourée de respect, une activité de ruche laborieuse, un prodigieux entrain, le travail considéré comme le moteur général… Dans une série de lettres, publiées dans le Journal des débats, il fait part de ses impressions. Ses écrits connaissant un franc succès, il acquiert l’image d’un penseur, d’un écrivain, d’un semeur et remueur d’idées, réhabilitant indirectement le mouvement saint-simonien qui l’avait fortement marqué.
   En 1836, la Monarchie de Juillet le nomme maître des requêtes puis, en 1838, conseiller d’État en service extraordinaire. En 1841, il obtient la chaire d’économie politique au Collège de France où il se montre libéral et partisan du libre-échange.
   En janvier 1845, il devient député de l’Aveyron et le 16 avril épouse Marie, Michèle, Emma Fournier de 17 ans sa cadette. C’est la fille d’un riche industriel de la draperie de Lodève, propriétaire de la manufacture et du domaine de Montplaisir.
   La Révolution de 1848 lui coûta sa chaire au Collège de France. En 1851, élu membre de l’académie des sciences morales et politiques, sa chaire et son titre d’ingénieur en chef des mines lui sont rendus. Soutenant Bonaparte au Coup d’État du 2 décembre, il est nommé conseiller d’État. Il sera élu conseiller général du canton de Lunas de 1853 à 1879 et président de cette assemblée de 1853 à 1870. En 1860, il est à l’origine des traités de commerce avec l’Angleterre. La même année il est nommé sénateur. Avec Le Play, il contribue à l’organisation des expositions internationales de 1862 et de 1867.
   En 1870, fidèle à ses convictions de paix, il est le seul sénateur à voter contre la guerre. En 1875, il se rend une dernière fois en Angleterre pour participer aux travaux de la société du tunnel sous-marin dont il est président. En 1878, il abandonne son cours au Collège de France à son gendre, Paul Leroy-Beaulieu, et meurt à Lodève le 28 novembre 1879.

(source : Livre du centenaire de l’École polytechnique publié en 1897)

  Alfred Nobel (1833-1896)


   En 1842, son père, ingénieur militaire, emmène sa famille en Russie, pour y fabriquer des munitions pour le gouvernement, notamment des mines. Le jeune Suédois, Alfred Nobel, reçoit un enseignement particulier, à domicile, puis fait un séjour d’un an aux États-Unis où il étudie sous la direction d’un ingénieur suédois, Johan Ericsson. Dès son retour en Europe, il travaille avec son père sur les explosifs, se faisant rapidement une réputation d'inventeur.
   Près de Stockholm, ils ouvrent un atelier de fabrication de nitroglycérine. En 1864, une explosion détruit l’installation, tuant le plus jeune frère d’Alfred et plusieurs ouvriers. Une attaque cardiaque rendra son père invalide quelques années plus tard. Continuant seul ses travaux, Nobel ouvre d’autres usines en Norvège et en Allemagne. L’instabilité de la nitroglycérine est à l'origine de nouveaux accidents : incendie de l’usine allemande, incendie à bord d’un bateau au large de Panama, explosions à San Francisco, à New York, en Australie…
    L’essentiel de ses recherches porte alors sur ce danger qu’il faut juguler. Il décide d’ajouter au liquide des substances absorbantes destinées à le fixer.
   Ce nouveau produit, breveté en 1867, baptisé dynamite, est connu communément sous l'appellation poudre de sécurité. Nobel en réalise des variétés de puissances diverses.
   Dès 1871, des usines fabriquant la dynamite se montent dans chaque pays d’Europe ainsi que deux aux États-Unis.
  En 1875, Nobel fait breveter les dynamites gélatines obtenues par réaction à chaud de la nitroglycérine sur une nitrocellulose. En 1887, il met au point la balistite, poudre de nitroglycérine brûlant sans fumée, utilisée comme poudre à canon. Toutes ses inventions, à travers les laboratoires installés en Europe, font d’Alfred Nobel le détenteur de 355 brevets, exploités dans les 80 usines implantées dans une vingtaine de pays.
 

  Conscient de l’instrument de mort qu’il a mis dans les mains des militaires, Nobel, devenu très riche, apporte son appui financier à plusieurs organismes européens favorables à la paix. À sa mort, il laisse à une fondation 31 millions de couronnes (44 millions de francs) dont les intérêts devront financer 5 prix internationaux. Chaque année, le jour anniversaire de sa mort, ils sont encore décernés à des chercheurs, artisans du progrès scientifique, œuvrant dans les domaines de la physique, de la chimie et de la médecine. Deux autres prix, littérature et paix, sont également attribués. Ce dernier rappelle le désir de Nobel de ne pas voir ses découvertes utilisées à des fins préjudiciables à l’humanité.

Paul, François Barbe (1836-1890)

   Fils du propriétaire des fonderies de Tusey (Meuse), Paul, François Barbe, polytechnicien, est admis au service de l’artillerie à l’école d’application de Metz. À l’issue de ses études, il intègre le corps des pontonniers mais démissionne de l’armée en 1861, pour prendre la direction d’une usine métallurgique. À la déclaration de guerre, en août 1870, il s’engage dans l’artillerie de la garde nationale de la Meurthe. Nommé colonel, il dirige l’artillerie au siège de Toul.

   Dès 1868, Nobel s’associe avec Barbe pour l’exploitation de la dynamite en France. En 1870, ce dernier crée, en trois semaines, la dynamiterie de Paulilles (Pyrénées-Orientales), site choisi en raison de son éloignement de la frontière allemande. Sa bonne gestion de l’usine incite Nobel (qui préfère se consacrer à la recherche) à lui confier la responsabilité d’autres compagnies établies en 1886 en Italie, Espagne et Suisse. Ensemble, ils fondent la base d’un empire multinational à travers deux grands trusts : Nobel dynamite trust Co. et la société centrale de dynamite.

   Toutefois, Barbe et Nobel n’ont pas la même éthique, BARBE voyant avant tout son propre intérêt.
   En 1885, il est élu député de la gauche radicale.
   En 1887, il devient ministre de l’Agriculture.

   Il sera impliqué dans des spéculations effectuées à l’insu de Nobel.

   Concerné par le scandale du canal de Panama, il met ainsi Nobel dans une situation périlleuse. Celui-ci dira de Barbe que c’était un homme « ...avec d’excellentes capacités dans le travail mais dont la conscience était plus élastique que le caoutchouc...»

   Paul Barbe meurt en juillet 1890, 2 mois avant Mialane.

documentation réunie par J & L Osouf - 2012 - extrait de "Lunas au gré de l'alphabet", pages 121 à 126 - ISBN 978-2-917252-99-4

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