LES PORCHES ET PASSAGES COUVERTS

   Nombreux autrefois, les passages couverts marquaient l’entrée des quartiers.

   Souvent surmontés d’habitations, ils avaient une petite fonction défensive. A l’annonce d’arrivée d’intrus ils étaient faciles à encombrer d’objets divers dont l’amoncellement constituait un obstacle pour ces indésirables, retardait leur progression laissant peut-être un temps supplémentaire aux autochtones pour se réfugier en des lieux plus sûrs.
 

    Certains ont résisté au temps et au progrès : fin XIXe et début du XXe siècles, le développement du transport sonna l’heure de leur fin. Il fallut les démolir car trop étroits et d’une hauteur insuffisante avec leur voûte généralement plein cintre.

   Ceux qui eurent la chance de ne pas se situer sur des artères importantes survécurent à la destruction et fort heureusement ce fut le cas pour les passages des rues de la Baute, de Villeneuvette, de la Costete, de l’Escarieras, des Fourches ou encore pour celui situé à l’entrée du chemin de ronde, donnant accès aux demeures seigneuriales, près du four banal...
 

 Le passage couvert, rue du CHATEAU

  Attardons-nous sur la première victime, un passage couvert dont la plupart des Lunassiens ignore qu’il existait… au bout du Barry, à l’entrée de la rue du Château.

   Dans une délibération du conseil municipal du 6 juin 1894, « monsieur le maire (Mathieu Ciffre, 1825-1898) expose que le porche sis sur la rue vicinale du Barry au centre de Lunas est un obstacle à la circulation des voitures, que sa démolition et celle de l’immeuble qu’il supporte est réclamée par toute la population et il invite le conseil à donner son avis sur cette mesure ». Le propriétaire de l’immeuble situé au-dessus du porche est un nommé Ferrieu. La municipalité estime le bien à 400 francs.

   Ce porche sera donc détruit. Toujours par le biais des comptes rendus du conseil municipal nous apprenons que le 16 juin 1895, la municipalité vend à Joseph Bonnafous, (entrepreneur de travaux publics, limonadier et tenancier du cercle) sur sa demande, les pierres provenant de la démolition. Celles-ci, déposées sur la voie publique et gênant la libre circulation, lui seront vendues au prix de 1,50 francs le mètre cube, soit pour 35 mètres cubes la somme de 52,50 francs.

   Aucune photographie de ce passage couvert n’est connue. Toutefois, grâce à Ernest Boulouys (1869-1945), qui s’adonnait à la peinture, nous en avons une image. Une grande toile, réalisée dans la décennie 1890, représentant le Gravezon vu du pont de Nize, le montre, dans l’angle gauche.

photo du tableau dans sa totalité... cliquez

 

A

Le passage couvert, en haut de la GRAND' RUE

   Vingt ans plus tard, en 1914, sous le mandat d’Elie Dardé, c’est celui en haut de la Grand' Rue, appartenant à Pierre Connac qui sera supprimé. Cela permettra « aux propriétaires du tènement de Saint-Georges de charger leurs charrettes à la hauteur qu’ils voudront pour rentrer dans le village ».

   En dédommagement, la somme de 100 francs lui sera allouée.

   Rappelons qu’à cette époque la route longeant le ruisseau de Saint-Georges, rive gauche, n’existe pas et ne sera ouverte qu’en 1936.

 

   Photos :A -  côté ouest ; B, côté est.

   (Photographies Ernest Boulouys vers 1900)

 

B

 

Passages couverts visibles de nos jours...

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1 - Passage couvert à l'entrée du chemin de ronde menant aux demeures seigneuriales (à mi-hauteur du Redondel, près du four banal).

2 - Passage couvert donnant accès au quartier de Villeneuvette (entre le château et l'église).

3 - Passages couverts rue de la Baute.

4 - Passage couvert à la Costete (carte postale ancienne)

    (Jeannine et Lucien Osouf - juillet 2022)

Le petit patrimoine de Lunas