LE MOULIN DE ROUBY

Le moulin (à gauche) en 1900 (photographie Ernest BOULOUYS)

Situation :

     Implanté sur la rive gauche du ruisseau de Nize, au niveau du pont menant à la Costête, le moulin de Roubi (ou Rouby selon les documents) doit son nom au dernier meunier.


     La seule information fiable de son histoire est l’inscription gravée sur la clé de voûte de la porte d’entrée:  « 
V.L.L. 1791 ».
Ce monogramme rappelle les propriétaires du château, la famille Viel de Lunas (V.L.) qui vendra l’ensemble de ses biens en juillet 1794 à Jean Antoine Vaillé, de Lodève. Ce moulin faisait partie des propriétés du château.

Description : 

   Il fut transformé en résidence secondaire vers 1960. Le pignon, côté rivière, percé de deux alignements de 4 fenêtres a perdu tout caractère. Une construction accolée, en blocs calcaires alignés et de forme régulière, achève de dénaturer l’ensemble. Seule l‘arche, au niveau du ruisseau, rappelle la fonction originelle de la bâtisse dont la façade sud-ouest n’a pas été modifiée.
   Initialement d’une surface au sol de 38 m² (5,30 x 7,30 m), le bâtiment était construit en galets de rivière, pris sur place. Les murs, épais de 0,70 m, étaient en calcaire et basalte de formes et de couleurs variées tandis que le grès local constituait l’appareillage des ouvertures. La couverture était en lauzes.

Le moulin comprenait 3 niveaux. De bas en haut :

  - une salle voûtée abritant le système hydraulique ;
  - au premier étage : les meules (ouvertures : une porte sur la  façade, une fenêtre sur le pignon côté rivière);
  - au second étage : une zone de stockage servant peut-être également de logement temporaire au meunier pendant les périodes de mouture (ouvertures : trois fenêtres, une sur chaque pignon, une sur la façade sud-ouest).

  Cet édifice est connu comme étant un moulin à blé dont l’activité aurait cessé fin XIXème. Des mécanismes et des meules, il ne reste rien. Par contre, sous la voûte, sont encore visibles des points d’ancrages, des orifices de passage d’arbres de transmission et les deux arrivées d’eau. Sont également observables, les constructions annexes permettant de capter l’eau, de l’amener au moulin et de la maintenir en réserve.

ESSAI DE RECONSTITUTION (coupe)

                              1 - ruisseau de Nize

                              2 - bassin de charge

                              3 - conduite forcée

                              4 - roue horizontale

                              5 - arbre moteur

                              6 - meules

                              7 - stockage, logement

  A - La salle voûtée :

   Dimensions intérieures : 5,80 x 4,00 m.

  Ouverture d’entrée : 2,55 m de large à la base - hauteur de l’arche : 0,90 m - hauteur totale : 2,30 m.

  Le plafond présente un aspect original. Il est déterminé par l’intersection de deux surfaces courbes de largeurs différentes (5,90 m et 2,20 m) placées dans des plans orthogonaux. L’épaisseur du plafond (constituant le sol de la salle des meules) est ainsi variable de 0,60 m au centre (zone des passages d’arbres) à 1,70 m au niveau des angles des murs de façade

Construit sur toute la longueur du bâtiment, un collecteur d’eaux usées, grossièrement maçonné, barre l’entrée de cette salle sur 1,10 m de hauteur. En période de crue, le ruisseau de Nize y dépose du limon. L’épaisseur de la couche qui ne peut plus s’évacuer atteint à ce jour 0,75 m.

Les conduites forcées d’amenée d’eau :

Deux conduites de section rectangulaire sont présentes sur le mur opposé à l’ouverture de la salle. La plus petite (0,34 x 0,57 m) possède encore son chemisage de bois non altéré. Elle permet actuellement le passage du conduit de vidange d’une piscine vers le collecteur d’eaux usées. La seconde (0,40 x 0,57m) a été obstruée au niveau du bassin de charge. Un ouvrage de maçonnerie en relief sur le mur, les entoure pour probablement en augmenter la longueur. La base de ces orifices se situe à 0,60 m du sol d’origine. Toute cette surface est fortement recouverte d’un dépôt de calcite, preuve de la forte teneur en calcaire des eaux utilisées.

Les orifices visibles en plafond :

Dans la partie centrale de la voûte, on observe quatre ouvertures correspondant très probablement aux passages :
- des arbres de transmission du mouvement de rotation des turbines aux meules;
- des mécanismes permettant de régler l’écartement de celles-ci.
Ces éléments et les deux conduites forcées d’amenée d’eau laissent supposer la présence de deux meules ou, comme à Passero, d’une meule et d’un dispositif de soufflerie. Les turbines devaient être disposées dans un plan horizontal comme dans tous les moulins des « Hauts-Cantons » de l’Hérault alimentés par un bassin de retenue. Le moulin de Rouby est comparable à celui de Castanet-le-Haut (près de Graissessac) qui, lui, a été réhabilité.

Les boulins sur les parois verticales :

Plusieurs évidements sont repérables sur les murs. Toutefois un doute subsiste pour certains :

   -  aménagements pratiqués volontairement pour fixation de poutres ?

   - pierres descellées et tombées?

Les conduites forcées

Orifices en plafond de la voûte permettant le passage des arbres

B - Le dispositif d’amenée d’eau :

   L’eau provenait d’une source située sur la rive opposée, dans une prairie. (S’agit-il réellement d’une source ou tout simplement d’une résurgence du ruisseau de Nize qui présente un parcours souterrain important sur son tracé amont? Les dépôts calcaires signalés précédemment feraient opter pour une source).

   Captée, puis canalisée dans un petit ouvrage recouvert de dalles calcaires, elle franchissait le ruisseau par un aqueduc (implanté dans une chaussée) protégé par de grandes plaques de grès encore visibles en période d’étiage.

   Dès sa sortie sur la rive gauche, l’eau coulait à l’air libre dans un béal. Une vanne de décharge est aménagée avant qu’il ne bifurque en quittant la rive. Long d’une soixantaine de mètres il permettait le remplissage d’un important bassin de charge dont on peut estimer la capacité entre 400 et 500 mètres cubes. Il est actuellement transformé en jardin d’agrément.

1 - source captée

2 - aqueduc franchissant la rivière dans la pansière

3 - béal d'amenée

4 - bassin de charge

5 - moulin

6 - ruiseau de Nize

Escalier descendant dans l'ancien bassin de charge, le béal se déversait en haut.

A droite, la pansière contenant l'aqueduc alimentant le béal.

(photos et schémas : L.Osouf)

 Le petit patrimoine de Lunas