LA PIERRE DU SACRIFICE

    Il est difficile de dater la Pierre dite "du Sacrifice" située sur le versant ouest du Causse de Lunas, au-dessous des anciennes carrières de grès.

   Énorme monolithe de grès triasique, de forme ovalaire, (longueur : 5,5 m, largeur : 3 m, hauteur : 1,25 m) dont la face supérieure a été creusée, avec confection d'un canal d'écoulement, ce bloc correspondrait au socle d'un ancien pressoir médiéval. Son nom provient d'une légende locale qui fait de ce site le lieu de cérémonies sanguinaires.

   Robert GOURDIOLE a étudié ce monolithe dans un article consacré aux "pressoirs antiques des Hauts Cantons".

 Les deux surfaces planes ou maies aménagées dans la partie supérieure du bloc présentent une légère pente vers un canal d'écoulement situé à chaque extrémité. Un léger bombement sépare ces deux zones.

canal d 'écoulement de la grande maie.

Grande maie.

Petite maie (une partie du rebord a été probablement détruite accidentellement).

Saignées du côté ouest

   Sur les faces latérales, au niveau de la grande maie, des saignées verticales ont été creusées. De chaque côté, elles ne sont pas placées, en face les unes des autres ce qui incite à supposer qu'elles ne constituent pas un ensemble destiné au même montage mais plutôt à deux montages successifs.

    Le schéma, proposant un essai de reconstitution, montre que dans ces saignées des poutres verticales pouvaient prendre appui et servir de support à une poutre pressoir. On peut supposer que ce montage a été successivement installé d'un côté puis de l'autre d'où la présence de ces rainures de chaque côté à des niveaux ne correspondant pas.

Saignées du côté est

   La profondeur des maies peut atteindre 20 centimètres. On devait donc y recueillir un assez grand volume de liquide. Il semble donc logique d'avancer que ce sont des raisins que l'on y pressait.

   La seconde maie (la plus petite) ne présente pas latéralement de saignées. Elle pouvait tout simplement servir à l'égouttement du marc provenant du pressage réalisé sur la grande maie. L'addition d'un peu d'eau pourrait permettre d'y obtenir un liquide moins riche en sucre mais utilisable pour préparer la piquette.

   Ce pressoir pourrait être en relation avec l'abbaye de Joncels (les moines ayant toujours été producteurs de vin) et dater de l'époque médiévale. 

 Dessin de Max Commeignes / photos Lucien Osouf

Bibliographie

- GOURDIOLE 1994 : GOURDIOLE (R) - Pressoirs antiques des Hauts-Cantons - Bulletin de la Société Archéologique et Historique des Hauts-Cantons de l'Hérault, 17, 1994, pages  65 et 66

Le petit patrimoine de Lunas