Le Redondel... Les anciennes demeures seigneuriales

   D'après l'architecture des constructions on peut établir qu'elles ont été édifiées successivement, d'ouest en est, entre la fin du XIe et le XVe-XVIe siècles. A cela il faut ajouter que, probablement après l'abandon du site du Redondel (pour le nouveau château établi au bord du Gravezon), ces maisons ont dû changer d'affectation et être reconverties en bâtiments utilitaires, d'où les fermetures par remplissage de plusieurs ouvertures. Elles devaient posséder 3, voire 4 niveaux.

   On sait qu'au début du XIXe elles servaient encore de lieux de stockage des productions agricoles. Madame Valentine Guerre-Maistre (1870-1954) a noté dans un cahier de nombreuses informations sur l'histoire du château : " Monsieur Vailhé de Lodève, avait un fermier. Celui-ci mourut victime d'un supplice affreux qu'il destinait aux individus qui allaient voler son foin dans les anciennes dépendances du château sous le Redondel. Il avait fait planter un gros clou dans la muraille et il espérait prendre ainsi l'audacieux voleur qui s'introduisait par la trappe. Mais il se prit lui-même aux reins et on le décrocha mort dans d'horribles souffrances. Cet accident arriva vers 1800... "

    La plus ancienne (cadastrée AB 304), située à l'ouest, montre sur son pignon un bel appareil réalisé en grès soigneusement préparés. On y trouve plusieurs assemblages de moellons à six pans. On retrouve cette technique particulière dans le clocher de Saint Nicolas d'Arnoye et dans le mur de l'église primitive de Lunas (visible dans la  bibliothèque établie dans les caves voûtées de l'ancien presbytère).  A remarquer également sur ce pignon ouest,  les deux ouvertures plein cintre actuellement obstruées donnant sur deux niveaux : au niveau inférieur la base est masquée par des éboulis, à l'étage l'arche de la voûte d'une porte d'entrée, est formée d'un arc, comme le précédent, aux claveaux épais.

    A noter également en sommet, légèrement décentré, un jour en archère (ouverture verticale étroite, avec évasement de l'intérieure permettait le tir de flèches sur d'éventuels assaillants). Intérieurement ce pignon présente une baie géminée également obstruée.

   Sur le mur gouttereau nord (depuis le village) on voit des pierres plates disposées en "opus spicatum" (ou arêtes de poisson) aux niveaux médian et supérieur.

   Tous ces éléments permettent de dater la bâtisse de la fin du XIe -début XIIe.

   La maison suivante (AB 303), à moitié effondrée, se compose de deux parties accolées.

   La dernière (AB 302), la plus à l'est, présente entre autres ouvertures, une fenêtre cintrée en anse de panier, reposant sur deux impostes moulurées en bandeau et quart-de-rond. Les piedroits et le cintre sont encadrés d'un boudin. L'appui est délabré. Murée à une époque ultérieure, elle a été transformée en fenêtre à traverse plus étroite que la précédente. Elle est moulurée en quart-de-rond.

   La façade est en moyen appareil. Dans le mur Est sont percées deux petites fenêtres en plein cintre. Plusieurs ouvertures également en plein cintre ont été murées.

Quelques photos :

MAISON OUEST (304) :à

1 : arches des ouvertures du pignon ouest - assemblages de moellons à six pans

2 - la baie géminée - le jour en archère

3 - l'opus spicatum du mur nord

MAISON EST (302) :

La fenêtre cintrée en anse de panier

 

Source : notice de repérage établie en août 1971, pour le ministère des Affaires culturelles par Geneviève Jourdan dans le cadre de l'inventaire général des monuments.

(J et L Osouf mai 2021)
plan du site du Redondel                                                                                                                     Sommaire Redondel