Les ruines de l'ancien château

HISTOIRE DU CHATEAU

    Très tôt s’éleva sur cette plate-forme en nid d’aigle un château dominant le croissant des habitations, qui, à son tiers inférieur, constituait la bourgade primitive. L’endroit d’implantation était particulièrement bien choisi : inaccessible sur les trois côtés formant l’à-pic, un large fossé de sept mètres de largeur sur dix mètres de profondeur, réalisé de main d’homme, transforme le site en éperon barré.

   L’historique de ce château et de ses seigneurs peut se décomposer en trois périodes :

La période vicomtale, des origines à 1201

   Aux temps carolingiens, Lunas est cité dans des actes datés de 899 et 909. Au XIème siècle la terre de Lunas représente un fief dépendant du vicomté de Béziers. Le premier seigneur connu est un nommé Bonafusus, ou Bonafos. A sa mort, en 1129, Bernard Aton IV (vicomte d’Albi, Nîmes, Carcassonne, Rodez, Béziers et Agde) cède le château de Lunas à son second fils Raymond Trencavel. Ce dernier contracte mariage avec la fille d’Auztor de Lunas, vassal du vicomte de Béziers.

   Les héritiers d’Auztor se succèdent jusqu'en 1190, d’abord son fils Roger puis son petit-fils Guillaume. A la mort de ce dernier le château revint à son parent Guillaume de Faugères.

   En 1201, Raymond Roger Trencavel, cède à Salomon de Faugères, fils de Guillaume, le château et tous autres droits qu’il possédait à Lunas, moyennant six mille sols melgoriens. Cette cession termine une période où la seigneurie de Lunas relevait en fait de la famille Trencavel.

Les seigneurs de Faugères (1201 – 1516)

   Pendant trois siècles, le seigneur de Faugères sera conjointement seigneur de Lunas. En 1459 la seigneurie de Lunas se trouve partagée entre Arnaud et Béatrice de Faugères. Arnaud vend sa part à Jean de Narbonne-Caylus, lequel en 1516 épouse Béatrice de Faugères, et se trouve ainsi seul et unique baron de Lunas.

Les barons de Narbonne-Caylus (1516 -1719)

   Le fils de Jean et Béatrice, Claude de Narbonne-Caylus embrasse la religion réformée. Huguenot, ainsi que son épouse, alors que sa mère et les habitants de Lunas restent catholiques, il va prendre une part très active aux six premières guerres de religion. De 1562 à 1577, il est pratiquement toujours en campagne. S’il fait preuve de courage, et même parfois de cruauté, il se révèle comme l’un des grands capitaines huguenots et détient au lendemain de la Saint-Barthélemy, le commandement en chef des armées de la Réforme pour les Diocèses de Béziers, Narbonne et Lodève, ville dont il se rend maître en juillet 1573, qu’il saccage avec férocité, profanant la châsse de St Fulcan, objet de vénération des Lodévois. Cet exploit attire au redoutable baron une implacable rancune. Par un complot, auquel, a-t-on dit, sa mère n’aurait pas été étrangère, il est assassiné une nuit de février 1578, alors qu’il se trouve dans son château. Sa tête fut portée à Lodève "où l’on s’en joua dans les rues comme il l’avait fait lui-même de celle de St-Fulcran ".

   Béatrice confie la baronnie à Etienne de Caylus (Au décès de Jean de Narbonne-Caylus Béatrice s’était remariée à Jean de Clermont. De ce mariage naquit Françoise de Clermont qui épousa Robert de Narbonne. Leur fille Béatrix épousa Etienne de Caylus). Le fils de Claude, Jean de Narbonne-Caylus se trouvait ainsi évincé. Dès le début de la septième guerre religieuse, il reprend les armes.

   En octobre 1585 le duc de Montmorency envoie 800 hommes sur Lunas. Après dix jours de siège Etienne de Caylus capitule. Le château de Lunas est restitué à Jean de Narbonne-Caylus.
En 1621, les calvinistes n’acceptant pas le rétablissement du culte catholique dans le Béarn, le Bas-Languedoc protestant se révolte.

   RIGNAC (avec une compagnie de gendarmes) reçoit, début 1622, ordre du Duc de Montmorency de reconnaître Lunas, clef de passage du Rouergue au Pays-Plat. Renforcé d’une quarantaine de mousquetaires et d’autant de soldats du Régiment de Languedoc, il fait " sauter au pétard " la porte dite du Redondel, cependant que s’opère rapidement l’encerclement complet du château, qui est attaqué le lendemain, une mine ayant été placée durant la nuit sous la grosse tour. La situation devient critique pour Jean de Narbonne , qui est sauvé de justesse par l’arrivée de son beau-frère, Henri d’ESPONDEILHAN, porteur d’une transaction permettant la cessation des hostilités.

   Jean de NARBONNE conservait la vie, mais devait remettre Lunas et Faugères. Il quitta Lunas le surlendemain avec 80 soldats, RIGNAC devant assurer le commandement de la place. Faugères, par contre, dont les habitants refusèrent d’ouvrir les portes, dut subir un bombardement de huit jours.

   Encore une fois, par l’intermédiaire de son beau-frère d’ESPONDEILHAN, qui s’était porté garant de sa fidélité à la couronne de France, le Baron Jean de NARBONNE retrouve en 1625 son Château de Lunas, qui lui est restitué. A son décès en 1626, la seigneurie revient à son second fils, Henri de NARBONNE, âgé de 22 ans, dont l’ardeur et l’enthousiasme de la jeunesse lui permettent de ne pas se sentir engagé par les promesses de son père. Il prend les armes.

   La réaction de MONTMORENCY est immédiate. Ses troupes rasent d’abord le Château de Faugères, puis attaquent celui de Lunas, dont la garnison affamée se rend après cinq semaines de siège.

   Bloqués dans les Cévennes, les protestants du Languedoc apprennent la chute de la Rochelle. La soumission est alors leur seule issue, et ils acceptent du Cardinal de RICHELIEU la Grâce d’Alais (1629), garantissant aux huguenots la liberté du culte, l’égalité absolue avec les catholiques, sous condition expresse de la démolition des fortifications des points stratégiques.

retour à la page consacrée aux ruines...                                                                    Sommaire Redondel