La maison du bailli -  origine.

   La maison dite du « bailli » est située au bas de la Grand’Rue. Depuis 2017 elle a retrouvé une façade particulièrement bien restaurée et constitue un point de passage conseillé lors de la visite du village.

   Les documents concernant cette demeure renaissance sont peu nombreux :
          - Une photographie de Roger Hyvert, en 1948, accompagnée d’une brève notice mentionnant le nom du propriétaire, Villa. (document réalisé pour les monuments historiques et figurant dans la base Mérimée) ;
          - Une fiche de repérage, plus détaillée, rédigée par Geneviève Jourdan, en août 1971, (pour l’inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France) dans laquelle seront puisées des informations reprises plus loin.

   Pourquoi ce nom « maison du bailli » ?

   D’après les dictionnaires, le bailli était mandaté par le seigneur, dans une circonscription où il exerçait les pouvoirs administratifs et surtout judiciaires.
   Ce qui est étonnant, c’est qu’en Occitanie, le terme généralement employé pour désigner le titulaire de cette charge est « viguier ». Le mot proviendrait du latin « vicarius » signifiant remplaçant, représentant.
   C’est donc le bailli de Lunas qui habitait ce lieu, propriété du seigneur. Si l’on recherche dans les compoix, celui de 1671 attribue cette maison à Noble de Narbonne, seigneur et baron de Lunas. La construction, d’après son architecture, doit dater de la première moitié du XVIe siècle.
 

   Selon les informations du docteur Henri Marc (« Lunas porte de l’Escandorgue » - 1979), à cette période, les seigneurs de Lunas appartiennent à la famille Narbonne-Caylus :

Jean de Narbonne-Caylus :

   - achète en 1459 la part d’Arnaud de Faugères de la seigneurie de Lunas qu’il partage avec sa sœur Béatrice de Faugères ;
   - épousant, en 1516 cette dernière, se trouve ainsi seul et unique baron de Lunas ;
   - meurt en 1534.

Claude de Narbonne-Caylus, son fils, devient seigneur de Lunas et le restera jusqu’en 1578.

   La maison du bailli fut donc érigée pour Jean de Narbonne-Caylus ou pour son fils Claude. Ce dernier est resté célèbre dans l’histoire du village. Ayant embrassé la religion réformée, il se révéla un seigneur autoritaire, exigeant de la population, outre les droits seigneuriaux ordinaires, d’autres taxes fort lourdes frappant grains, huiles, vins, coupes de bois… C’est surtout en qualité d’homme de guerre que Claude de Narbonne-Caylus a marqué l’Histoire. Huguenot, alors que sa mère et la quasi-totalité des habitants de Lunas restent catholiques, il prend une part très active aux six premières guerres de Religion entre 1562 et 1577. Localement, il se rend maître de Lodève le 4 juillet 1573, saccage la ville, profane la châsse de saint Fulcran, objet de vénération pour la population lodévoise…
   Ce dernier exploit lui vaudra d’implacables rancunes. Par un complot auquel, dit-on, sa mère Béatrice de Faugères n’aurait pas été étrangère, il est trahi et assassiné une nuit de février 1578 en son château du Redondel. Sa tête fut portée à Lodève « où l’on s’en joua comme il l’avait fait lui-même de celle de saint Fulcran ».

 

La maison du bailli dans le compoix de 1671  ...  

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