LUNAS PENDANT LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE 1789 - 1804 |
D'après l'étude du Docteur Henri MARC - novembre 1979- "Lunas porte de l'Escandorgue" (pages 30 à 41) |
L' ABOLITION DES PRIVILEGES ET DROITS SEIGNEURIAUX. |
" Après la mort de Jean-Gabriel Henri de Narbonne-Caylus, la seigneurie de Lunas fut achetée par Jean-Antoine Viel, président de la cour des comptes et aides de Montpellier en 1723. Son fils aîné Louis Antoine Jean Viel en hérita en 1742, continuant à jouir des divers droits féodaux attachés à la seigneurie. L'abolition des ordres et privilèges ayant été proclamée la nuit du 4 août 1789, un assez grand nombre de ces "privilégiés" n'acceptèrent pas ces décisions et préférèrent quitter le royaume plutôt que de s'y soumettre. Commencée dès le lendemain de la prise de la Bastille, cette émigration gagna en importance en 1790 après le décret abolissant les titres nobiliaires et en 1791 après la suspension du roi. Présent à l'assemblée générale des trois ordres de la sénéchaussée de Béziers en mars 1789, M. le marquis de Lunas ne reparut plus dans ses terres, tant et si bien que le 17 mars 1793 - An II de la République - le conseil général de Lunas constata que "depuis la publication du décret qui enjoint à tout républicain français éloigné de ses possessions de justifier par un certificat de la municipalité, visé par le district du ressort, de la résidence du-dit citoyen dans l'Empire, avec autres formalités mentionnées au-dit décret, sous peine d'être considéré comme émigrant, et, par suite ses biens mis en séquestre pour être vendus en la forme déterminée par les décrets, il arrive que le citoyen Viel, ci-devant seigneur de Lunas, possédant diverses propriétés en champs, vignes, prairies, bois, etc... n'a jusqu'ici point daigné justifier en la forme susdite du lieu de sa résidence dans l'Empire français, ce qui engage à le considérer comme émigré, avec d'autant plus de raisons que faisant partie de la classe des ci-devant nobles, et comme ancien Garde des Forges, il y a lieu de croire qu'il s'est coalisé avec ses semblables, que d'autre part il advient que dans cette incertitude on dévaste les possessions du citoyen Viel, ce qui déprécie considérablement toutes les dites possessions dont la vente en profitant aux habitants de la commune, doit fournir un fond considérable à la Nation." Le conseil général de la commune estime alors : "...qu'il était nécessaire de dénoncer incessamment aux citoyens administrateurs du département de l'Hérault, dont ressortissent les-dits bien-fonds, comme quoi jusqu'ici le dit citoyen Viel n'a pas obéi aux décrets puisqu'il n'a pas justifié du lieu de sa résidence dans l'Empire, afin que les dits citoyens administrateurs prennent les mesures nécessaires tant pour le séquestre que pour la vente des dits biens afin d'en prévenir la dévastation et la dilapidation déjà commencées." Après audition du substitut du procureur de la commune, les citoyens Pierre Fulcrand et Guillaume Gras furent élus en qualité de syndics avec tous pouvoirs pour faire auprès des administrateurs départementaux et du district de Lodève toutes les démarches nécessaires pour la mise en séquestre des biens de l'ex-seigneur de Lunas et faire procéder à leur vente le plus tôt possible. Le 17 mai suivant , Bernard Ciffre, maire, exposait à son conseil que "depuis plus de cinq mois la municipalité n'avait reçu aucun certificat constatant la résidence du sieur Viel, ci-devant seigneur de Lunas, sur le territoire français, ce qui d'après la loi le fait présumer émigré." Le conseil considérant la véracité de ces dires et la nécessité de remettre dans les plus brefs délais les biens, meubles et immeubles de l'émigré Viel entre les mains de la nation, décida d'établir à l'intention du directoire de district une liste de ces biens et de poser sur le champ les scellés sur le château, les appartements et les meubles qui s'y trouvaient. Gabriel Crouzat, procureur de la commune, ayant fait remarquer le 11 août 1793, qu'avant "d'agir en exécution du décret sur la vente des biens communaux, il y avait un préambule à remplir, car il était notoire que plusieurs particuliers s'étaient emparés de diverses parties de ces biens et qu'il y avait lieu de connaître ce qui appartenait à la commune avec indication des parties usurpées...", le conseil municipal désigna à cet effet trois commissaires chargés de vérifier les usurpations et les titres de ceux "qui allègueront jouir de certains biens loués à la commune...". Cette charge et cette mission furent confiées à Mathieu Lugagne, pour Lunas, au citoyen Colombier pour Caunas et à Jean Do pour Nize. Les possessions de Louis Antoine Jean Viel furent achetées par Jean Antoine Vailhe, de Lodève. Il les exploita conjointement avec son beau-frère Fulcrand Ollier, juge et notaire à Lodève, auquel il les céda complètement en 1804." - D'après l'étude du Docteur Henri MARC - novembre 1979- "Lunas porte de l'Escandorgue" (pages 34 et 35) (*) Contrairement à ce qu'écrit le docteur Marc, le domaine de Lunas ne fut pas vendu en tant que biens nationaux. C'est le propriétaire qui les vendit directement à Jean Antoine Vailhé. Lire à ce sujet les pages consacrées à la famille VIEL de LUNAS, propriétaire du château. Cliquez... |