LUNAS PENDANT LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE 1789 - 1804 |
D'après l'étude du Docteur Henri MARC - novembre 1979- "Lunas porte de l'Escandorgue" (pages 30 à 41) |
IMPÔTS - CHARGES - SALAIRES - EMPRUNT |
En 1791, la première municipalité de Lunas avait divisé le territoire de la commune en quatre sections et désigné des commissaires attachés à chacune d'elles pour établir les bases de la contribution foncière devant s'appliquer aux terres et aux immeubles. Ce travail effectué, la municipalité Bernard Ciffre était à même d'établir en 1893 les bases de la matrice du rôle de cet impôt direct. Il fut prévu sept classes d'imposition frappant dégressivement les revenus fonciers nets de 20 livres à 2 sols et 6 deniers. Des erreurs ayant été relevées, il fut nécessaire d'avoir recours aux bons offices du citoyen Commeignes, greffier de Neffiès, qui avait travaillé pour le district de Lodève en qualité de "calculateur" tant pour la contribution foncière que pour la mobilière. Au tarif de 7 livres par jour, c'est-à-dire 224 livres que s'élevèrent les honoraires du "calculateur" Commeignes. Le renchérissement continuel de la vie imposa à la Constituante le vote de la loi du 17 septembre 1793 fixant le prix maximum des denrées et marchandises, autorisant en outre les autorités communales à fixer elles-mêmes le maximum des salaires, gages et journées. C'est à quoi la municipalité de Lunas souscrivit par sa délibération du 28 brumaire An II (20 novembre 1793) qui nous donne les précieux renseignements suivants: Salaires journaliers:
Les difficultés économiques allaient partout s'accroissant. Les impôts rentraient mal et n'étaient le plus souvent honorés qu'en assignats, qui, émis en quantité prodigieuse, étaient tombés dès 1795 à moins de 3 centièmes de leur valeur nominale. C'était la banqueroute partielle des finances publiques, avec, pour corollaire, l'établissement d'un nouvel impôt sur les portes et fenêtres et le recours à un "emprunt forcé". Rien ne nous dépeint mieux l'état de détresse de la commune de Lunas que l'intervention d'Alexis Boulouys auprès du président de la direction départementale de l'Hérault : "du 16 pluviose An IV - J'ai reçu avec votre lettre du 9 du courant plusieurs exemplaires de la loi du 22 nivôse dernier portant que les cotisables en retard de payer les deux premiers tiers de l'emprunt forcé y seront contraints. J'en ai transmis de suite un exemplaire à chaque agent municipal de cet arrondissement. Le commissaire du directoire exécutif près notre administration fait les diligences nécessaires relatives à la susdite loi, mais tous les agents municipaux se plaignent avec juste raison qu'ils ne peuvent faire remettre aux percepteurs les états qu'il leur demande attendu que nous n'avons pas reçu les rôles, que, sans doute, vous nous enverrez. Il serait à souhaiter que vous eussiez connaissance de l'état de misère de nos concitoyens en général et par conséquent que vous n'en eussiez compris aucun dans la répartition que vous avez faite, car s'il en est autrement, il est impossible de pouvoir payer sur tout. Si nous sommes obligés de faire exécuter la loi à la lettre, que le percepteur ne soit pas autorisé à prendre des assignats en payement de la dette, et dans les cantons voisins on les reçoit encore. Nous ignorons si votre administration a prolongé le délai en leur faveur, mais dans le cas où quelqu'un de nos administrés y serait compris, veuillez nous accorder un délai pour qu'il puisse satisfaire en assignats". En résumé, la situation financière des habitants de la commune était particulièrement sérieuse, tout comme d'ailleurs pour l'ensemble de la population française, qui commençait à manifester un universel sentiment de lassitude. |