Antoine Charles ROUEDE

   Dans son livre « Lunas porte de l’Escandorgue » le docteur Marc (page 45) écrit : « La toile représentant le martyre de St-Pancrace (titulaire de l’Eglise) jeune romain martyrisé sous Dioclétien, œuvre de Rouède, peintre bédaricien, achetée par la paroisse en 1843 ».  C’est tout ce que nous savions sur ce tableau (ornant le retable de l'église) et son auteur.

   La toile du retable étant exactement des dimensions du panneau central (3 mètres de haut sur 2 de large), il semble évident qu’elle provienne d’une commande effectuée par la Fabrique de Lunas à un peintre local qui serait donc Charles Rouède.

   En consultant les archives départementales, dans l’état-civil de Bédarieux, un acte de décès nous a interpelés :
« L’an mil huit cent quarante et un et le dix-sept février, dix heures du matin … sont comparus les sieurs Chaumont Gabriel ferblantier âgé de 45 ans et Criu Jean-Jacques libraire âgé de 35 ans … lesquels nous ont déclaré que Rouède Aimé sans profession âgé de 6 ans 1/2, natif de Castres fils de Rouède Charles, professeur de dessin et de Lombiac Emilie … est décédé…»

     Dans l’état-civil de Castres nous retrouvons l’acte de naissance d’Aimé, le 30 juillet 1834, fils de Charles Rouède, professeur de dessin, âgé de 29 ans et de Marie Emilie Lombiac.

   Ces nouvelles informations permettent de situer la naissance de Charles vers 1805, mais pas de la localiser, ni sur Bédarieux, ni sur Castres où les recherches restent vaines.

   Internet apporte quelques éléments nouveaux. Sur le site des archives de Toulouse, dans un journal mensuel de février 1924, LE MIDI SOCIALISTE, en page 3, dans la rubrique « Propos d’Art » un article est intitulé « Le sculpteur Charles Rouède (1804-1882) ».
   Son auteur, Gilles L., écrit : « Aujourd’hui, 20 février 1924, je marque le 120e anniversaire de la naissance à Toulouse de Chares Rouède.
   Le Bulletin de l’Association des Beaux-Arts, dans le numéro 30 de sa cinquième année, qui est le numéro 15 de la série de la guerre, paru dans le troisième trimestre 1917, en donne la biographie suivante :
« Malgré d’actives recherches on ne trouve rien sur l’origine, l’enfance, la vie d’écolier et d’étudiant du maître Charles Rouède. D’après certaines notes, très brèves, M. Rouède paraît avoir été un sculpteur toulousain de la période de 1830. Nous le trouvons en effet cité dans le catalogue d’une exposition d’art et d’industrie qui eut lieu à Toulouse en 1858…
…Rien dans les vieux papiers ne permet de dire quelle fut la valeur d’artiste et de professeur du sculpteur Charles Rouède. Il semble n’avoir laissé aucune œuvre durable. Les musées de la région ne possèdent rien de lui. Les critiques d’art sont muets sur sa manière et ses productions…
…M. Rouède mourut le mercredi 8 février 1882 à 9 heures du matin. M.Brassine, inspecteur de l’Ecole, disait dans son ordre du jour : M. Rouède jouissait d’une considération et d’une estime méritées par son zèle, son dévouement à ses élèves et son excellent enseignement.
   Il eut comme successeur M. Laffont.
   M. Rouède était un homme d’assez haute stature, fort et puissant. Il avait une expression de physionomie rendue bizarre par une moustache rare et tombante. Ses anciens élèves disent qu’on l’avait surnommé « Le Chinois » à cause de sa moustache.
   Il repose, depuis quarante-deux ans, au cimetière de Terre-Cabade, dans un caveau adossé au mur de ronde qui longe à droite le Chemin de la Gloire, à peu de distance de l’entrée principale et des bureaux d’administration.
   Si dans les familles Deraze, Filhol, Cuq et Mazelié de Toulouse, qui s’apparentaient au professeur Rouède, on garde encore la mémoire de l’excellent homme que dépeignait M. l’inspecteur Brassine, les souvenirs artistiques qu’il avait pu laisser s’effacent peu à peu. Bientôt pour quelque temps encore, seule et fragile, la statue de saint, en terre cuite, qui surmonte humblement le caveau de Rouède, à côté d’une croix de pierre, montrera ce que fut ce maître infiniment modeste.
»

 Eléments pour une biographie d’Antoine Charles ROUEDE

Le 18 pluviose an XII (8 février 1804) naissance à Toulouse.

Fils du sculpteur Guillaume Rouède et d’Antoinette Lagesse, petit-fils de Vital Rouède, propriétaire.

Peintre d’histoire, habitant 36 rue Dartory.

Marié le 28 mars 1827, à Toulouse, avec Jeanne Marie Lombiac, née le 20 avril 1804.

Professeur de dessin à Castres où naît un fils, Jean, Marie, Aimé le 29 juillet 1834.

Professeur de dessin à Bédarieux. Le 16 février 1841, décès de son fils.

En 1843, peinture de la toile « supplice de saint Pancrace » commandée par la Fabrique de la paroisse de Lunas.

En 1858, remporte une mention honorable à l’exposition d’art et d’industrie de Toulouse pour des bustes et maquettes.

En 1861, entre à l’école des Beaux-Arts de Toulouse comme professeur suppléant des classes élémentaires de dessin.

Le 11 mars 1862, nommé par arrêté préfectoral professeur adjoint puis investi des fonctions de professeur titulaire en classe d’éléments de dessin (3e degré, solides ombrés).

Le 4 mai 1865, son épouse meurt.

En 1865, participe à une exposition à Toulouse en qualité de membre du jury avec le titre de professeur de dessin.

En 1868 occupe un atelier assez vaste, 10 rue du Sénéchal.

Décède le 8 février 1882 au 81 rue Pargaminières, à Toulouse, inhumé au cimetière de Terre-Cabade.

Tableau de Rouède proposé dans une vente sur Internet en décembre 2017 :

« Nature morte aux huîtres plates » - 1864 - 44 x 37 cm.

(Jeannine & Lucien Osouf - octobre 2018)

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