Jean VIEL et son
fils, Antoine Jean VIEL de LUNAS, ont probablement vécu au château de Lunas, ou
tout au moins résidant aussi à Montpellier y ont fait des séjours fréquents.
Louis Daniel Antoine Jean VIEL de LUNAS a quitté la région pour la moitié
nord du pays, à son mariage (ou peut-être même avant). Sa femme était de la
Nièvre ou sa famille maternelle possédait la terre d’Espeuilles. Leurs enfants
sont nés à Paris. Le couple y habitait donc très probablement. En 1766 Louis
Daniel acheta le château et fief d’Ecluzelles à Montreuil (Eure-et-Loir) et y
mourut en 1777. Il ne se rendait que très rarement à Lunas, que sa mère, Thérèse
de MONTCALM GOZON, restée sur place, gérait. Il perdra son épouse, Marie Reine
de BOULLENE de SAINT-REMY, en 1771. Elle n’avait que 40 ans.
Les deux
filles, majeures, sont en pension. Les deux garçons, âgés de 10 et 11 ans à la
mort de leur mère sont, quant à eux, confiés à un précepteur. Leur père, par
monts et par vaux, les laisse fréquemment aux soins des domestiques, au château
d'Ecluzelles. L'éducation des enfants est tellement négligée que leur grand-mère
maternelle (de Boullène de St Remy) obtient du roi Louis XV une lettre de
cachet, qui les retire à la garde de leur père pour les placer chez les
Bénédictins. Ils rejoindront tous deux plus tard les Gardes du Corps du
Roi. Ils n’ont donc pas
quitté la région parisienne. Orphelins de père vers 16 et 17 ans, ils
poursuivront leur carrière militaire, venant sans doute de temps en temps dans
l’Hérault s’occuper de leurs affaires, gérées tant bien que mal par leur
grand-mère. Thérèse de MONTCALM ne cesse de les exhorter à descendre dans le sud
comme le témoignent les lettres en possession de ses descendants.
Antoine Pierre de VIEL de LUNAS et
Antoine Louis François VIEL d’ESPEUILLES
Au commencement de la Révolution les 2 frères sont militaires. Ils
possèdent alors plusieurs terres qu’ils semblent gérer plus ou moins
conjointement:
- Leurs propriétés de la région de Montpellier et les
terres de Lunas (leur grand-mère paternelle vient de mourir en leur léguant ses
biens)
- La terre d’Espeuilles à Montapas dans la Nièvre,
léguée à Antoine Louis François qui signe « VIEL d’ESPEUILLES » ou « VIEL
DESPEUILLES », se démarquant de son frère, Antoine Pierre, qui signe « VIEL
LUNAS ».
- La terre de La Montagne à Saint-Honoré-les-Bains,
dans la Nièvre, achetée par les 2 frères en 1786.
-
La terre d'Ecluzelles à Montreuil, vendue après la mort de leur père mais rachetée quelques années plus tard.
Ils passent bien plus de temps entre Paris et la Nièvre que sur
leurs terres de l’Hérault, ce qui leur vaut d’être inscrits sur la liste des
émigrés (voir H. MARC « Lunas porte de l’Escandorgue » -1980- page 34) bien
qu’ils n’aient jamais quitté la France. Plusieurs certificats de résidence,
attestant leur présence à Paris ou Saint-Honoré, sont conservés dans les
archives familiales. On peut imaginer qu’en ces temps troublés de la Révolution,
ces certificats, dressés à l’intention de l’administration de Lunas et de
Montpellier, ne soient jamais parvenus à leurs destinataires, ou que ceux-ci
aient décidé de les ignorer pour faire main basse sur des terres dont on ne
voyait presque jamais le propriétaire!
Prévenus de
l’urgence de la situation, les deux frères rentrent à Montpellier où ils
entament des démarches pour récupérer leurs biens confisqués.
Antoine Louis
François y épouse une jeune fille issue
d’une illustre famille montpelliéraine (de ROQUEFFEUIL) C’est de cette époque
que datent les deux bustes réalisés par Augustin PAJOU.
A la suite de
son mariage Antoine Louis François s’établit durant quelques années à
Montpellier. Ses trois filles aînées y naissent. Vers 1799 la famille quitte le
sud pour s’installer à Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre) dans la propriété acquise
en 1786 et qui appartient toujours à ses descendants.
A cette période, Antoine Pierre écrit des lettres depuis Paris. Il
n’a donc séjourné qu’épisodiquement à Montpellier.
On ignore si les deux frères ont pu retrouver la totalité des biens
spoliés. Toutefois pour la terre de Lunas on peut affirmer que ce fut chose
faite.
Lunas n’a
donc pas été vendu comme bien national. C’est à titre de bien personnel de la
famille VIEL de LUNAS que le château et ses terres furent cédés à Jean Antoine
VAILHÉ le 19 juillet 1794 (29 messidor An II), comme le confirme l’acte de vente
établi par Fulcrand OLLIER (archives Philippe de FIRMAS).
Ces précieux
compléments, apportés par Madame d'Espeuilles, permettent de connaître avec
certitude une nouvelle page de l'histoire de Lunas.
Tableau généalogique récapitulatif
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