MIDI
LIBRE Lundi 8 juillet 1957
(transcription fidèle du texte de
l'article avec ses éventuelles fautes de typographie)
SOUS L’ÉGIDE DE LA MAINTENANCE DU LANGUEDOC, Lunas a
brillamment fêté le cinquantenaire de la création de son groupe
artistique.
Le Groupe Artistique de Lunas a fêté avec éclat le cinquantenaire de sa
fondation, et voilà un GAL - abréviation qui est une trouvaille - bien jeune
encore de vie et d’entrain, à la crête bien rouge et faisant claironner ses
cocoricos depuis son Redondel mont de lumière à travers ses vallées
charmantes de Nize, Saint-Georges et Gravezon.
Brillant prélude
Vendredi soir c’était dans la coquette salle du groupe
l’avant-première.
Le programme nous en donnait des détails. Il faut surtout noter
qu’il comportait trois parties: la première de 1907 à la grande guerre de
1914; la deuxième celle de l’entre deux-guerres; la troisième après 1944
jusqu’à nos jours.
Les anciens et les jeunes s’en sont donné à cœur joie et ont
rivalisé d’entrain et d’enthousiasme.
Et c’était hier un esprit de famille qui animait tous ces bons
artistes d’un soir qui ont voulu faire de ces fêtes du cinquantenaire une
représentation parfaite.
Que dire de l’ancien Brun qui ouvrait le feu? Il se prénomme --
tenez-vous bien -- Hoche, Kléber, Marceau. Il a été victorieux sur tous les
fronts et sa voix est fraîche comme nos vallées du Gravezon et pure comme
les eaux limpides des cascades du ruisseau de Nize et de Sourlan.
Blayes nous a chanté « Frou-frou » auprès de quatre gentilles
Lunassiennes en costume 1900.
Blayes qui occupe des fonctions administratives tout près, a charmé
l’auditoire par sa verve endiablée, par ses talents de chanteur puis de
comédien averti dans «L’apouticaire purgat », dans le rôle de Pau
d’Argent. L’apothicaire de circonstance Fossovi (Lavabre), ne s’était pas
mépris sur le simulacre de celui qui désirait la main de sa fille… et sa
bourse rondelette.
Gilbert Ciffre eut son succès habituel dans l’interprétation des
« Pantins » et Luchaire dans le lyrique.
Deux pièces menées
parfaitement par les anciens et les jeunes eurent l’audience d’une salle
amusée et très attentive: « Plus de surmenage scolaire » et « La perle de la
Canebière ».
Les vieilles histoires lunassiennes dites par Brun, le triple
général par les prénoms, furent un triomphe et le chœur lunassien nous
régala car il chante avec tout son cœur.
Mais que dire de Bosco, du comique municipal revenu pour un soir au pays
natal sous les bravos de ses compatriotes.
Il a 81 ans, il a quitté le pays pour remplir un emploi municipal à
Gourdon, dans le Lot, où il est devenu une pittoresque célébrité. Gourdon
est situé sur une colline qui domine la rivière du Bleu, affluent du Céon,
c’est-à-dire du Ciel. Gourdon a cinq gourdes dans ses armes et Bosco est
bien un pèlerin de la joie et du ciel bleu. Il a gardé toute sa jeunesse et
ses compatriotes ne lui ont pas ménagé les témoignages d’une sympathie
ardente.
Il était bien tard lorsque Lunassiens et Lunassiennes rentrèrent en leur
logis.
Les
festivités dominicales
Mais dimanche fut la journée de triomphe de ce cinquantenaire.
Lunas a vécu une très belle journée avec ces groupes venus du
Rouergue, de Provence du Bas-Languedoc et du littoral.
Musiques, défilé pittoresque chatoyant de couleurs, défilé dansant
et chantant de part et d’autre du Gravezon qui, lui, coulait rapidement ses
eaux limpides sur ses rives et sous ses ponts, car il y en a douze à Lunas.
La messe fut célébrée
avec le concours du Rallye Saint-Hubert de Pézenas-Alignan. Elle fut
admirable et M. le doyen Cabrol nous lut l’Evangile du quatrième dimanche
après la Pentecôte en languedocien, et un sermon dit dans une langue très
pure de nos hauts cantons, la foi et la langue allant de pair ainsi que nous
l’a rappelé le maître de Maillane: Frédéric Mistral. M. le doyen Cabrol, qui
est un modeste, en soit félicité et remercié. Heureux pays de Lunas!
Devant la mairie pavoisée
et dans une ambiance d’amitié, le maire salua les hôtes d’un jour. Le
président Lugagne, du GAL, rappela l’historique du groupe avec beaucoup de
sentiment et d’à-propos, discours auquel répondit en languedocien le majoral
Domergue, président de la Maintenance du Languedoc. Les applaudissements
saluèrent leur péroraison et ils ne furent pas ménagés également au cours
des défilés et aussi à la cour d’amour. Tous ceux qui y assistèrent n’eurent
pas à le regretter et tous sont à féliciter, bien qu’il fallût écourter leur
passage sur le podium.
La musique du
Bousquet-Graissessac est parfaite et le chef Paulignan peut en être fier.
Qu’il s’agisse des Provençaux du Pontet, du sourire de Cazedarnes
qui chante et qui danse, de Millau capitale du gant et ses dynamiques
Rouergates et Rouergats sous la houlette - qui est un immense parapluie bleu
- de Georges Girard, du fringant et infatigable chevalet de Mèze et la
fameuse interprétation de théâtre d’Oc par Vieu et Mme Déjean, des Cigalous
Narbouneses, dans la pièce « La repoutegaïro » d’Albarel, ce fut un
spectacle vivant et haut en couleurs.
La « Coupo santo » reprise
en chœur par l’auditoire clôtura cette fête d’une belle tenue et tout à la
gloire du GAL, entrant dans ses cinquante années et de l’accueillante cité
cévenole qui mérite d’être mieux connue: Lunas, la Cardounilho de Nizo.
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