Depuis
plusieurs années nous nous interrogions sur ce sergent pour lequel les
recherches restaient vaines.
Les pistes habituelles n’avaient rien donné :
- consultation de tous les registres
matricules des deux bureaux de recensement de l’Hérault (Montpellier et Béziers)
entre les années 1880 et 1918 ;
- analyse du recensement de Lunas de
1911 (dernier recensement avant le début du conflit) ;
- consultation des registres de
l’état-civil de Lunas entre 1870 et 1900 ;
- recherche dans la base de données
Mémoire des Hommes, du ministère de la défense…
Cette base de données
nous proposait 4 fiches concernant des « Coste Maurice » :
- un quartier maître mécanicien
d’Ardèche ;
- un Parisien, soldat de 2ème classe ;
- un Héraultais, soldat de 2ème classe
de Mauguio ;
- un sergent né à Nîmes.
Ce dernier ne présentait
toutefois aucun lien avec Lunas :
- né dans le Gard ;
- engagé volontaire pour 3 ans à la
mairie de Narbonne le 23 juillet 1912, (le centre de recrutement de Limoux est
barré) ;
- décédé à l’hôpital de Senlis (Oise)
le 5 juillet 1918 des suites de blessures de guerre et avis de décès transmis le
24 mai 1919 à la mairie de Longny-au-Perche, dans l’Orne.
Ce dernier indice nous
amenait donc à écarter le « sergent Maurice Coste » de l’histoire de Lunas.
La préparation de
l’exposition consacrée aux Bousquetains et Lunassiens mobilisés pendant la
Grande Guerre, nous ramena au sergent Coste. Nous avions retrouvé des
informations sur les 66 morts du Bousquet-d’Orb et sur 40 des 41 morts de Lunas.
Nous reprenions donc nos recherches
sur Maurice Coste…
Une piste nouvelle fut explorée : le
recensement de 1921. L’idée était que les « Coste » avaient très bien pu
s’installer à Lunas après le recensement de 1911.
Un nouvel élément amena enfin une
piste sérieuse….
Page 19 dudit recensement, on
trouve, habitant « La Place »
(quartier situé entre le bas de la Grand’Rue et le château) Julien Coste,
né à Nîmes en 1863, juge de Paix et son épouse Marie Marrot née en 1859 à
Neuilly-sur-Seine.
Le couple a un fils Raoul né en 1902 à
Limoux (Aude).
Le sergent
Maurice Coste donné par la base Mémoire des Hommes est né à Nîmes, et s’est engagé dans l’Aude. Une recherche
aux archives de l’Aude nous permettait d’obtenir sa fiche matricule : elle nous
apprenait qu’il était né le 8 octobre 1891 à Nîmes et que ses parents étaient
Julien Coste et Marie Marrot !
L’énigme trouvait enfin réponse !
Maurice Coste figure sur le monument aux morts
de Lunas, alors qu'il n'y a jamais vécu : son père, Juge de Paix à Lunas, y a
fait inscrire son nom.
Au recensement de 1926, on retrouve le juge
habitant toujours sur la Place. Il vit seul, sa femme est décédée le 25 février
1922, son second fils, Raoul, a quitté le foyer.
Seul point non éclairci : pour quelle
raison l’avis de décès de Maurice Coste fut-il adressé, en 1919, à la mairie
d’une petite bourgade de Basse-Normandie (Longny dans l'Orne) ? Son père a-t-il été Juge de Paix en
Normandie à une époque, avant d'être nommé à Lunas, pendant ou après la première
guerre mondiale ?
Quant à Maurice Coste nous avons appris qu’il
exerçait le métier de tailleur d’habits à Limoux (Aude) avant de s’engager pour
3 ans, le 23 juillet 1912.
Incorporé au 3ème régiment de
tirailleurs algériens puis passé au 7ème le 15 août 1913, il est nommé caporal
le 15 août 1914 et sergent le 1er décembre 1916.
En Algérie de juillet 1912 à octobre
1913, puis au Maroc jusqu’en septembre 1914, il est envoyé au front. Le 26 mai
1915, il est blessé en Belgique par un éclat d’obus à la base du thorax.
Il est cité :
- à l’ordre du régiment le 26 avril
1917 : « A maintenu en ordre sa 1/2 section sous un violent bombardement... » ;
- à l’ordre du corps d’armée le 24
juillet 1918 : « Chef d’une 1/2 section de grenadiers, a entraîné ses hommes à
l’assaut d’une position défendue par des mitrailleuses. A été blessé grièvement
» ;
- à l’ordre de la division le 5 août
1918 : « Sous-officier ayant montré en toutes circonstances le plus grand
dévouement. A l’attaque de juin 1918 a entraîné sa 1/2 section à l’assaut d’une
organisation ennemie malgré le violent tir de mitrailleuses. Très grièvement
blessé est mort des suites de ses blessures ».
Le sergent Maurice
COSTE est inhumé dans la nécropole nationale de Senlis (Oise). Sa sépulture,
portant le numéro 39, est située dans le carré B. |