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Cécile Bonnafous naît à Lunas le 10 décembre 1904. C’est le
docteur Thomas Boulouys qui la met au monde.
Après l’école primaire du village, elle connaît la pension de
Tournemire, chez les sœurs.
À son retour, elle se distrait avec ses amies en faisant du théâtre
au sein de la Société des Jeunes Filles de Lunas puis du Groupement
Artistique de Lunas.
Joseph, son père, tailleur de pierre et maçon, tient également,
avec sa femme Marie, un café hérité de ses parents. On le disait alors
limonadier.
Dans cet établissement, fin XIXe début XXe, se tenait un cercle où
les messieurs des familles anciennes de Lunas, nostalgiques de la Royauté et
de l’Empire, se retrouvaient le dimanche après-midi pour converser. On les
surnommait "culs blancs" par opposition aux "culs rouges" du cercle républicain
qui se réunissaient au café situé près de la mairie.
Peu à peu, le café de la Grand’Route se transforme en auberge puis
en restaurant lorsque, vers 1925, Cécile se met aux fourneaux à la suite de
ses parents.
Dans cette salle aux murs décorés par les grands tableaux des
peintres locaux (Jules Cayla et Ernest Boulouys), elle
accueille gens de passage et pensionnaires : ouvriers employés au
reboisement du Causse, chauffeurs, représentants de commerce ainsi que le
docteur Galy qui fit sa carrière dans le canton. Parfois, le dimanche, elle
propose deux services. Sa renommée va croissant, débordant largement les
limites de la commune. Avec un personnel recruté dans le village, elle
assure des repas d’affaires, reçoit des comités d’entreprises, des familles
pour les mariages, les communions, les baptêmes…
Ses menus, variés et recherchés, sont grandement appréciés grâce à
ses spécialités : lièvre à la royale, brouillade de truffes, seiche à la
rouille, truites aux amandes, écrevisses à l’armoricaine, champignons, plats
à base de gibier… De multiples « petits cafés bien serrés » l’aident à tenir
le rythme !
En 1964, à l’apogée de son savoir-faire, Cécile vend son restaurant
et se retire dans la villa Marguerite. Pendant plusieurs années, des amis
fidèles vinrent, à la veillée, jouer aux cartes en sa compagnie.
Elle décède le 1er février 2003 à la maison de retraite du Bousquet-d’Orb et repose à Lunas dans le caveau familial édifié par son père. |
Cécile vers 1930
, costumée pour son rôle dans la pièce "Le grillon du foyer".
(photos : archives Monette Reverdy-Viala) |
La maison de
Cécile a été construite par son grand-père, entre 1885 et 1890, pour Michel
Laurès (percepteur à Lunas) et son épouse Émilie Aibraim.
Ils l’appelèrent villa Marguerite, prénom de leur première fille. C’est
probablement ce couple que l’on aperçoit sur le perron.
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Cécile
Bonnafous demeure, dans la mémoire de tous ceux qui l’ont côtoyée, comme une
femme généreuse, d’une extrême modestie, qui contribua à la renommée de son
village par l’excellence de sa cuisine et la chaleur de son accueil.
Depuis sa
création, la devise de la maison Bonnafous, n’a pas changé :
« L'essentiel, c’est que le client
soit content »
- extrait de "Lunas au gré de l'alphabet", pages 12
à 14 - ISBN 978-2-917252-99-4 |