Elisa FABRE - BELLIOL ( 1869 - 1936 ) |
|
...Une incroyable enfance. |
|
L'église de Saint Xist d'Arbussel, commune du Clapier (Aveyron) où fut baptisée Elisa FABRE. Cette église présente une particularité: elle possède deux clochers juxtaposés l’un carré et l’autre, accolé à ce dernier, rond en forme de tour. |
Voici ce qu'écrivit Elisa FAVRE en 1881: "Je suis née à Saint Xist dans l'Aveyron en 1869, mais presque aussitôt après ma naissance, mes parents allèrent résider à Truscas où était né mon père et c'est là que j'ai passé la partie la plus paisible de mon existence, malheureusement si troublée. Mon père était boulanger et ma mère l'aidait de son mieux. Tous les deux aimaient le travail, ils étaient tout à leur ménage et à leurs enfants, car je venais d'avoir une petite sœur. Hélas ! pourquoi fallut-il que ma mère conçut le triste le projet de se rendre en Amérique. Elle voulait être riche mais au lieu de cela, elles nous rendit orphelins. Ma mère parla de ce voyage à mon père qui refusa d'abord, mais qui finit par céder à son désir, malgré les pressantes sollicitations de tous les amis de la famille, malgré les larmes de sa mère et la douleur de son vieux frère. Après avoir fait les préparatifs de ce lointain voyage, mes parents partirent et m'amenèrent avec eux, laissant ma petite sœur d'à peine un mois en nourrice, sous la garde de ma grand-mère qui s'acquitta bien de son devoir et la soigna comme sa propre fille. Deux jours après notre départ, nous arrivâmes à Bordeaux et nous nous embarquâmes pour l'ile de CUBA, possession espagnole, voisine de la côte d'Amérique. La traversée ne fut marquée par aucun incident remarquable. Nous arrivâmes enfin à La Havane, capitale de l'île et ils cherchèrent une hôtellerie pour se loger. L'ayant trouvée, mon père alla exercer sa profession et ma mère se mit repasseuse. Nous restâmes un an et demi dans cet état, lorsque mon père, trouvant qu'il n'avait pas assez d'ouvrage, se remit en marche pour une autre contrée lointaine. Hélas il partit, mais il ne devait plus revenir. Nous ne devions jamais savoir ce qu'il deviendrait. Ma mère reçut deux lettres de son époux, la première lui annonçant qu'il viendrait très bientôt la prendre ainsi que son enfant, la seconde lui annonçant qu'il était malade. Depuis, elle n'en reçut aucune nouvelle. Six mois s'écoulèrent. Ma pauvre mère était accablée de tristesse et que de fois je l'ai surprise tout en larmes. Mes baisers et mes caresses pouvaient seuls la consoler. Mais la douleur fut la plus forte, elle finit par succomber, la terrible fièvre jaune l'emporta. Sa maladie fut courte, elle ne dura que trois jours, le délire s'empara d'elle et elle ne connaissait personne d'autre que son enfant. Avant de mourir elle eut une lueur de raison. En me tenant dans ses bras elle me dit: " Ecoute mon enfant, je le sens, je vais mourir, je vais te quitter mais tu ne seras pas délaissée car tu as des parents en France, ton grand-père et ta grand-mère te recueilleront et te soigneront ainsi que ta petite sœur ". Ma mère ne se trompa pas, elle mourût la nuit suivante." |