Paul FOURESTIER (1896-1974) dit Jacques FABREGE |
||
Vieille maison du Barry |
Paul Denis Auguste Irénée FOURESTIER, est né le 6 mai 1896 à Béziers. Son père Anthelme Gilles Léonard Irénée FOURESTIER , né à Lunas le 29 juin 1859, est entrepreneur de travaux publics. Il a épousé le 23 juin 1891, en secondes noces, une biterroise, Marie AZEMA. Le couple aura 3 enfants : - Paul (1896 – 1974), l’aîné, qui prendra plus tard le pseudonyme de Jacques FABRèGE, lorsqu’il se consacrera à la peinture ; - Denise ( 1902 – 1996), qui épousera le docteur Henri MARC ; - Max (1907 – 1986), qui deviendra un pneumologue de réputation mondiale suite à ses travaux sur la mise au point du premier endoscope pulmonaire (voir la page qui lui est consacrée). Les parents de Paul, « ivres d’indépendance » (1) confient leur fils de trois ans à son grand-père, Denis FOURESTIER. Celui-ci vit à Lunas dans la grande maison, en bordure du Gravezon, que les Lunassiens qualifient de « carrée », même si son plan au sol est rectangulaire… en 1906, le grand-père décède. Paul a 10 ans. « Ce fut la première chance de Fabrège, celle qui marquera toute sa vie de son influence bénéfique. Ah ! ce grand-père… un type d’homme disparu avec la notion du beau métier, très droit, très dru, coquet de ses cheveux blancs très longs et de sa lavallière bouffante, fier de l’anneau d’or qu’il portait à l’oreille gauche, l’anneau d’or des compagnons tailleurs de pierre, l’un des derniers à nous avoir conservé les dentelles des cathédrales gothiques. Mi-ouvrier, mi-artiste, ornemaniste délicat, bon vivant , un peu paillard, un rude gaillard qui prétendait à quatre-vingt dix ans convoler pour la troisième fois (2), mais dont les seules vraies passions allaient au beau dessin et à la bonne terre : n’avait-il pas refusé d’assister au baptême de son petit-fils parce qu’il avait à rentrer ses foins ? » (1) |
Le marronnier entre les deux ponts |
Deux petites aquarelles, sur Lunas, de Jacques Fabrège (collection privée famille Marc) |
||
La jeunesse de Paul Fourestier à Lunas. « A ce petit-fils qui allait devenir son fils spirituel, que pouvait-il apprendre ? Le respect et l’amour de la nature, ceux aussi du dessin géométrique, du dessin pur. Et déjà le destin du peintre Fabrège était tracé dans les méandres de ses vagabondages et la discipline des premiers rudiments de son art. Ecole buissonnière, école communale aussi, et avec le premier succès scolaire, l’obtention du certificat d’études, sonne le glas des années heureuses toutes de libres jeux, de tendresse et d’études joyeuses : les parents s’avisent que l’enfant a grandi, et crac ! le voilà enfermé à Marseille, voué aux austérités de l’internat. » (1) Le jeune collégien est autorisé à suivre les cours de l’école des Beaux-Arts. « Les leçons de l’aïeul ont porté : l’évasion par l’art est encore possible » (1) Parallèlement il étudie le violon et « deviendra d’une assez jolie force pour faire, plus tard, des remplacements de second pupitre au casino de Vichy » (1) Devenu bachelier, il se rend à Paris, contre l’avis familial, et s’inscrit à l’école nationale des Beaux-Arts. En 1915, il devance l’appel (3). Il passera deux années sur le front de Salonique, dans les armées d’Orient au 209e régiment d’artillerie, puis au 42e d’artillerie coloniale. Il reçoit deux citations : - le 14 juillet 1916, « chargé d’assurer la liaison avec l’infanterie au cours d’une attaque, s’est acquitté de sa mission avec intelligence et courage, malgré de nombreuses difficultés et les feux de barrages ennemis » - le 10 octobre 1918, « au cours d’une période d’offensive durant laquelle la batterie tirait nuit et jour, a secondé intelligemment le commandant de la batterie ». Une carrière consacrée à l’art pictural Après la guerre il reprend ses études avec Fernand Cormon (1845 – 1924). Il passera deux années en Espagne où il travaille avec Maurice Denis (1870-1943) et Ker-Xavier Roussel (1867-1944), créateurs de la peinture intellectuelle. Il fait la connaissance de Vuillard (1868-1940) et de Bonnard (1867-1947). Jacques Fabrège, puisque c’est ainsi que désormais on le connaît dans le milieu artistique, sera un temps attiré par la décoration. On lui confie celle du salon Touraine sur le paquebot France. Il expose dans les Salons. En 1960 il obtient une mention honorable, en 1962 une médaille d’argent, en 1963 une médaille d’or. Mis hors concours, il deviendra membre du jury. En 1963, il se fait remarquer en se portant volontaire pour illustrer à lui seul, près de la moitié d’un panneau intitulé « le mur des poètes ». Paul Denis Fourestier, dit Jacques FABREGE, est décédé le 15 novembre 1974 à Surennes dans sa 79e année. Il s’était marié en 1934 à Paris avec Annie POIRIER (1897-1989).
L’œuvre de Jacques Fabrège jugée par les critiques d’art (1) « J. Fabrège est de ces peintres dont le talent est évident. Les quelques toiles et aquarelles qu’il nous offre ont une vérité vivante » (Marcel Espiau) « Ce qu’on aime, notamment chez J. Fabrège, c’est cette espèce de charme que dégagent ses peintures et dans lequel nous retrouvons l’homme. Ses toiles ont de l’éclat, mais discipliné par un peintre cartésien. Le Côte d’Azur, par exemple, il se défend de la peindre dans ses apparences les plus scintillantes qui séduisent tant les autres. Il la veut au moment où la chaleur se détend. Alors, l’eau a des nuances attendries ; l’air ne bouge plus… Sa palette porte en elle des chants d’amour qu’il se plaît à composer et qu’on se plaît à entendre » (Marcel Espiau) « Dans un faire éloigné d’un impressionnisme savoureux, Fabrège campe des sites sous une lumière exacte et dans une alerte distribution du signe » (Chavanon) « …que ce soit au Mont-Saint-Michel, en Languedoc, sur les rives de la Seine, il sait imposer sa vision très personnelle du monde en des tons gris et blancs, d’une suavité extrême » (Henri Héraud dans l’Amateur d’Art) |
||
(1) Rares sont les informations sur Jacques Fabrège. Les textes en italiques, sont extraits du seul ouvrage en notre possession, consacré au peintre. C’est Marthe-Claire Fleury qui rédigea, en 1968, « FABREGE », opuscule de 26 pages (format 16 x 24,5 cm) richement illustré de huit reproductions monochromes de l’artiste (imprimé aux presses de Jean-Pierre Mathan à Boulogne-sur-Seine). (2) Des recherches dans l’état-civil de Lunas permettent de corriger cette affirmation. Denis Isidore Fourestier (1823 – 1906) s’est marié trois fois : le 20 janvier 1850 à Anasthasie Vaillhé (1829 – 1866) de Cougouille ; lle 20 mars 1867 à Marie Dupy (1821 – 1886) veuve du chaufournier Augustin Pradel du Pont-d’Orb ; le 30 juin 1887 à Catherine Galtier (1830 – 1899) veuve de Michel Galabru. Denis Fourestier est décédé à l’âge de 83 ans. A chacun de ses mariages il se dit « plâtrier ». C’est très probablement lui qui fit l’acquisition de la grande maison carrée perdue au jeu dans la décennie 1870 par Pancrace COUDERQ. (3) Informations provenant de la fiche numéro 1483, classe 1916, archives départementales des Bouches-du-Rhône des recensements militaires de la subdivision de Marseille. |
||
Jeannine et Lucien Osouf - mars 2022 |
||