LES FETES RELIGIEUSES
Les messes étaient alors bien plus suivies que de nos jours et il y avait grande
affluence à l'église pour la Toussaint, Noël, Pâques et le15 août pour
l'Assomption de la Vierge.
La
"Fête Dieu"
La procession faisait le tour du village, deux dimanches de suite. Chaque
quartier élevait un reposoir (autel provisoire). Les façades des maisons étaient
tendues des plus beaux draps ; les rues avaient été nettoyées et jonchées de
fleurs de genêts et de pétales de roses. Monsieur le curé avançait sous un dais
porté par quatre messieurs.
Ils s'arrêtaient à chaque reposoir pour y exposer le saint
sacrement et les tout petits enfants vêtus de blanc jetaient vers le prêtre les
pétales et les fleurs de leurs corbeilles pendant que tintait la cloche et qu'un
acolyte encensait.
Photographies de la Fête Dieu de
1915
(cliquez)
Les Rameaux
Le jour des Rameaux me plaisait beaucoup.
Les fidèles processionnaient, un rameau de laurier, de buis ou
d'olivier en main sur la place de l'église. Puis, tous pénétraient dans le lieu
saint. On fermait les portes du tambour ; le prêtre et les acolytes restaient à
l'extérieur. Monsieur le curé chantait plusieurs couplets, puis frappait à la
porte plusieurs fois ; alors on lui ouvrait de l'intérieur et nous, les enfants de
chœur, rentrions à sa suite.
Cette scène me frappait tous les ans.
Le jeudi saint
Ce jeudi saint 1979, j'écris et me reviennent en mémoire tous ces
jeudis saints de mon enfance ; et c'est un très bon souvenir. Ce jour-là, les
cloches de notre église "partaient à Rome", muettes jusqu'au samedi saint. Tous
les enfants en âge de courir les rues du village devaient annoncer l'office des
ténèbres de 15 heures et le stabat de 20 heures.
Nous nous étions munis de tout appareil sonore : crécelle, cornet en terre cuite
en forme de cor, sifflet, corne de chasse, « caramelle » (écorce de saule ou de
frêne au bout affûté et qui produit une note lorsque l’on souffle à l’extrémité).
Nous devions passer dans les rues trois fois dans l'heure en
faisant grand bruit, en criant en patois : "Lou
premier, lou ségounal, lou troisièmé de l'oufficé ou del Stabat, le soir après
souper !"
Nous étions tellement heureux de faire le tour du village que nous
passions même par le petit chemin de service au-dessus des maisons du Barry,
sous le rocher de la Vierge (l’actuelle "rue de la Baute", fermée en son
milieu).
Ce qui nous impressionnait le plus durant l'office des ténèbres,
c'était quand notre curé terminait la lecture de la Passion en disant : "La
terre se mit à trembler, le ciel s'obscurcit et un grand bruit emplit la terre"
et qu'un acolyte éteignait une à une les chandelles du grand triangle à pied,
accroissant d'autant notre attente angoissée du grand fracas qui explosait à la
dernière bougie éteinte au signal du claquoir... Fracas alimenté par
tous les instruments sonores hétéroclites agités frénétiquement par des dizaines
d'enfants, heureux de ce tintamarre dont le prêtre avait bien du mal à faire
cesser l'ardeur.
C'était vraiment une belle journée pour nous les enfants!
Les Fêtes à Notre-Dame-de-Nize
Mais les fêtes religieuses qui
attiraient le plus de fidèles étaient celles du 15 août et du 8 septembre à
Notre-Dame-de-Nize. C'était le point d'attraction de toutes les fermes de
l'Escandorgue et du canton, même des gens de Bédarieux qui pouvaient arriver par
le train à 8 heures et repartir le soir à 17h 30. Toutes les familles passaient
la journée sur place, en prenant un repas champêtre ; il y avait vraiment un air
de kermesse.
Les propriétaires des deux cafés de Lunas venaient y tenir un
dépôt pour la journée. Il y avait même un restaurant à la maison Connac. Nous
participions bien sûr à ces commerces-là.
En chantant des cantiques à la Vierge, toute l'assistance
descendait en procession de Nize à Lunas. Chez monsieur Ciffre, quatre jeunes
filles prenaient une statue de la Vierge sur leurs épaules à l'aide d'un
brancard spécial et la procession faisait le tour du village et se terminait à
l'église par la bénédiction du saint sacrement.
De nos jours, ces fêtes attirent encore pas mal de fidèles ;
mais ils arrivent pour la messe en voiture et s'en vont tout aussitôt après. Le
charme de cette magnifique journée à Nize n'existe plus. Quel dommage !
Pour la saint Fulcran
nous nous rendions à Lodève : c'était pour nous la grande sortie annuelle. Nous
partions à pied, ma mère, ma sœur et moi et revenions de même.
Le lendemain nous étions reçus chez l'oncle Rouquette ou chez l'oncle Jeanjean.
C'était le grand évènement de l'année. Une année nous y étions allés depuis
Bédarieux en tramway tiré par quatre chevaux. Cela avait été une grande joie
pour ma sœur et moi : c'était le premier grand voyage de notre vie.
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