Le confort des habitations
Il ne faut pas terminer l’histoire du quartier sans rappeler
comment s’est installé le confort de ses habitants : l’eau, l’électricité,
l’assainissement.
La métairie Pradel n’avait ni eau courante sur l’évier, ni
électricité, ni salle d’eau, ni cabinet. On allait chercher l’eau au béal, on
s’éclairait à la chandelle, on allait faire ses besoins dans l’écurie ou en
pleine nature.
Pour l’électricité, il a
fallu attendre 1930 pour que le garagiste Michel place une dynamo sur la turbine
et fasse briller la première lampe électrique du quartier. Je me rappelle avoir
fait mes devoirs à la clarté vacillante d’une lampe à pétrole. On ne pouvait
éclairer avec ce courant que les maisons répertoriées 2, 4, 5 et 6 sur le plan
cadastral. Les autres situées au-delà d’une route que des fils électriques ne
devaient pas traverser, n’étaient pas dotées de ce confort… Ce mode d’éclairage
avait une contrainte : le dernier couché devait aller couper l’eau pour arrêter
la turbine et tout rentrait dans le noir. Il y avait aussi une limite : la
puissance de la dynamo n’autorisait qu’une lampe par maison. Alléchés par ces
premiers progrès, en 1932, les habitants du quartier se groupaient pour payer de
leurs propres deniers la première installation électrique publique, après avoir
obtenu de la mairie du Bousquet-d’Orb l’autorisation de branchement sur son
réseau aérien. La commune de Lunas ne voulait rien savoir. On est alors passé
d’un courant irrégulier et limité à un courant de 110 volts fourni pour toute la
maison et plus régulièrement. La fourniture d’énergie venait de l’usine de
Truscas qui appartenait à la société Biterroise de Force et Lumière. En 1953, la
municipalité de Lunas consentait enfin à prendre en considération les demandes
d’électricité formulées par les familles habitant les écarts de la commune. Elle
faisait installer par une entreprise spécialisée de Lyon, "Electricité et
Mécanique", un nouveau réseau en 220 volts. Le branchement était cependant à
la charge des habitants : coût 12500 francs payés en 1954 pour notre maison.
En ce qui concerne l’eau, le quartier était alimenté par un puits
situé à gauche, au fond du chemin des fours à chaux, au bord de la route de
Lunas. Il y est encore. L’eau montée avec une pompe à chapelet ne devait pas
être d’une qualité irréprochable. Plusieurs cas de typhoïde se sont déclarés
dont un mortel. J’ai figuré au nombre des victimes de ces microbes et m’en suis
heureusement sorti sans séquelles, j’avais une douzaine d’années. Le docteur
Brunel est venu tous les jours pendant trois semaines. Cela a dû me vacciner
sérieusement, Dieu merci, car depuis je n’ai pas eu d’autres maladies graves.
Les habitants se sont concertés à nouveau et avec l’accord de la mairie du
Bousquet, ils ont payé leur première installation d’eau potable réalisée par
Carbonneau. La canalisation a été branchée sur le réseau de Mendic, a traversé
le pont et a desservi chacune des maisons du quartier et une pompe publique
devant la maison Raynaud. Depuis quelques années seulement c’est maintenant le
réseau d ‘eau potable de Lunas qui le dessert et dessert Taillevent en même
temps.
Maintenant, il ne reste plus qu’à compléter le réseau
d’assainissement pour que le confort des habitants soit correct. La partie rive
droite de la route Lunas-le Bousquet en allant vers le Bousquet, a été réalisée
en 2001 en même temps que la desserte de Taillevent. La rive gauche attend un
financement qui pose des problèmes à la municipalité !
Voilà ce que je peux écrire pour l’histoire de ce quartier en ce
mois de novembre 2002, après avoir couvert l’histoire d’un siècle et demi
d’existence. « Le Pont-d’Orb » peut continuer tranquillement son petit train de
sénateur. Sa torpeur ne sera plus troublée que par le déchaînement des éléments
atmosphériques et les crues du Gravezon... C’est là une autre histoire.