L'accident de mon père à la mine |
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Du déménagement qui a suivi l’achat par mes parents de la maison appartenant à monsieur Marquès de Lunas, je n’ai aucun souvenir. Par contre, quelques mois plus tard, je me revois encore dans les bras de ma mère quand elle allait, en courant dans la rue de la Farajole, (aujourd’hui rue du Bouscaillou), me confier à une voisine. Elle venait d’apprendre que mon père avait eu un grave accident du travail à la mine. J’avais 5 ans. A compter de ce jour-là, j’ai toujours vu mon père marcher avec des béquilles. Quand une personne étrangère lui posait la question : « Que vous est-il arrivé ? " Il commençait toujours le récit de son accident par ces mots : " Je suis été blessé à la mine du Bousquet-d’Orb. La journée terminée, je me suis assis, pour quitter la galerie où je travaillais, sur un wagonnet plein de charbon qui remontait au jour. Comme je tournais le dos au sens de la marche, je n’ai pas vu la poutre qui traversait la voie à quelques centimètres au-dessus du train de wagonnets. Je suis donc passé plié en deux, dans un espace de 14 cm avec, pour conséquences, plusieurs fractures, des perforations, des luxations, phlébites, etc. Je dois la vie au professeur Joyeux, chirurgien à la clinique du Carré du Roy à Montpellier." Ma mère disait souvent que son mari était orphelin de père à 5 ans et que l’histoire a bien failli se reproduire pour moi. Mon enfance a donc était marquée par cet accident qui m’a privé d’un père valide et de ce fait incapable de me faire participer à ses occupations de travail, de loisir, de vie sociale. Par bonheur, dans le village les enfants grandissaient en groupe, se retrouvant rarement seuls avec leurs familles sauf pour les repas et dormir. Je n’ai donc pas conscience d’avoir souffert de l’absence du père dans mon éducation extrascolaire. |
La mine du Bousquet-d'Orb vers 1910 - carte postale ancienne Oustric éditeur. |