HISTOIRE DE LA POSTE DE LUNAS (3)

Bernard Pujol, l’ancien facteur de Lunas, habite dans le logement du receveur de l’ancienne poste de Lunas fermée en 1968.

 Il nous reçoit dans son univers peuplé de souvenirs de ses tournées sur les chemins de la commune.


Vous êtes né à Lunas ?


   Non, je suis Tarnais, natif de Lacabarède. Chez nous tout le monde travaillait à l’usine. Quand je suis revenu du service militaire en Allemagne ma mère a voulu que je passe les concours de la fonction publique. Elle avait de l’ambition pour son fils unique. J’ai réussi celui de la poste. Le 16 mars 1970 je suis arrivé à Lunas. J’y ai vécu toute ma carrière professionnelle, après deux ans passés à Paris, comme tous les fonctionnaires des PTT de l’époque. Ma fille avait un mois quand je me suis installé avec ma femme dans le logement au-dessus des écoles. C’est Madame Couderq qui a fait l’ouverture de la poste neuve que l’on connaît. En plus de la receveuse, il y avait Gaby Poncé qui était au guichet, le père Poncé faisait la distribution de Lunas, Fabrégat les hameaux de Seyriès, le Pont-d’Orb, Caunas et les Valarèdes, moi je faisais les fermes et les petits hameaux.

   On faisait la tournée en 2CV. La première année j’ai été gâté ; il y a eu un mètre de neige pendant 10 jours. C’est le maire Mathieu Ciffre qui ouvrait le chemin devant moi avec le chenillard ; en même temps on amenait des courses et des médicaments. Le facteur était là aussi pour faire le taxi, pour amener une bouteille de gaz ou du pain, on m’offrait toujours le café ou le déjeuner et je repartais sur la route en sifflotant.

Comment était la vie à Lunas à cette époque ?

   A cette époque il y avait trois épiceries à Lunas (Odette Blanes à la Grand Rue, l’épicerie Montagnol au Chemin Neuf, le dock de Mme Rambaud), le dépôt de pain de Caumes tenu par Mme Delpoux, la boulangerie Mas, la boucherie Lamouroux. Irénée vendait les chrysanthèmes et des plans.

   Les vignerons avaient souvent deux métiers : Maurice Couderq était aussi secrétaire de mairie, Montagnol propriétaire terrien, Mathieu Ciffre le maire était régisseur du château de Cazilhac. Il y avait aussi un maréchal ferrant (Maurice Maury), deux menuisiers (Rambaud et Cassili), un grainetier (Boubals),  un plombier (Claude Pico), un cordonnier (Domingo), un magasin d’électroménager (Lucien Couderq), un électricien (Pierre Maury)  et un ferronnier (Expert).

   Nivoliès, le maçon, a construit la première maison du Bouïs, après Fontaine est arrivé. Cécile Bonnafous avait vendu son auberge à Caudina et Merton a fondé le Manoir du Gravezon à cette époque. Il y avait le café tenu par Babeth et Barthes qui réparait les mobylettes. Les coiffeurs c’étaient le Gaffet et René André ; Jeanne Grèzes faisait la couturière à domicile et Virginie Garcia la presse.

   Comme services, il y avait aussi la perception à Lunas tenue par Auda. Le garde-champêtre c’était Gilbert Ciffre ; il faisait les avis à la population en képi, mais s’occupait aussi des chemins et de la propreté du village. Comme garde-pêche il y avait Restoy qu’on appelait « Chocolat » ; il courrait après les braconniers qui faisaient la réserve...

   Le curé c’était Perez qu’on appelait l’homme à la pipe. Il y avait un ophtalmologue le docteur Raymond, un médecin le docteur Galy, le dispensaire où venait le docteur Galabru pour les mineurs, le Crédit Agricole et Groupama avaient une permanence aussi. Il y avait l’institutrice Mme Coulet pour les petits et le maître M. Soulier pour les grands. Avec ça les fermes étaient florissantes, les troupeaux nettoyaient le paysage et les vergers de la famille de Firmas embaumaient la prairie.

   La fête de Lunas qui durait 5 jours était organisée par les pompiers puis par l’équipe de Christian Vellas. Il y avait 132 équipes de pétanques, les vachettes avec les jeunes qui se mesuraient à l’Interville, la course à la cocarde, le moto-cross dans la rivière. Le bal du samedi était payant parce qu’il y avait toujours de grands orchestres. Il y avait un monde fou, pardi le pays aimait la fête !

(extrait du journal municipal n°32 pages 21 et 22 de février 2016)

Histoire de la poste de Lunas

(J. et L. Osouf -mai 2023)

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