Les captages anciens

   Avant  la seconde moitié du XIXème siècle seule (probablement) la source de Saint-Georges est captée. Les Lunassiens puisent l'eau directement à la rivière ou au béal... Ces eaux qui recevaient  tous les effluents d'origines humaine et animale étaient particulièrement polluées, cause de maladies, voire d'épidémies (typhoïde, choléra...)

   En  1873, Théodore Cussol, maire, lance le premier projet de distribution d'eau au niveau de fontaines afin d'apporter dans une partie du village une eau de meilleure qualité.

   Deux ans plus tard, André Mialane, propose une souscription pour compléter ce réseau et amener l'eau jusqu'à sa demeure.

LE PREMIER CAPTAGE : CAMARIERES

   Le 24 février 1873, par acte établi en l’étude de maître Saumade, on apprend que la commune de Lunas a effectué des recherches en eau afin d’alimenter des fontaines dans le village. Une source a été découverte au tènenement de Camarières, sous le jardin de Louis Boulouys, tonnelier.
   Celui-ci la vend, pour 100 francs, à la commune (représentée par son maire, Théodore CUSSOL) mais se garde le droit d’y prélever l’eau d’arrosage. Pour ses besoins ménagers, il obtient, de plus, l’installation d’une prise d’eau sur la conduite passant devant sa maison, rue du Barry, à côté de la tannerie.

   Trois fontaines furent créées : à la Costête (près du pont de Rouby, sous le béal), au Barry et à Villeneuvette. Initialement, la fontaine de la Costête était directement alimentée par un tuyau de plomb, toujours en place, mais actuellement obstrué. (
voir la page consacrée aux fontaines... cliquez)

   On observe, dans cette cavité, deux vannes permettant de couper l’alimentation des conduites venant des deux captages (Camarières - Mialane) notamment lors des opérations de curage pour éviter que des boues soulevées par les déplacements des ouvriers, n’encrassent les canalisations et ne troublent l’eau des fontaines.
   Avec les modifications effectuées fin 1984, lors de la mise en place du collecteur d’eaux usées, ce captage n’a pas été récupéré dans le réseau de distribution d’eau des fontaines, pour un problème d’altimétrie. Actuellement, la conduite de fonte, cassée, déverse son eau dans le ruisseau de Nize, sous le pont de Rouby.

Porte d'accès au captage

Fond de la galerie. Au premier plan la "cage",

entourant le point de départ de la conduite fonte

Escalier d'accès

Plan du captage Coupe verticale

LE SECOND CAPTAGE : MIALANE

   Cinquante mètres en amont, une autre porte donne accès au captage Mialane, beaucoup plus important que le précédent.

   Là encore, une conduite en fonte prend l’eau à l’extrémité d’une galerie. Celle-ci n’est en réalité que l’aboutissement de tout un réseau collecteur dans lequel on peut pénétrer par une troisième porte métallique, au fond d’un jardin à 40 mètres en remontant le ruisseau.

   C'est André Mialane qui est l'initiateur de ce chantier. Ce riche entrepreneur lunassien, s’était fait construire une belle demeure entourée d’un parc à l’emplacement de l’actuelle cour des écoles. La maison, quant à elle, est maintenant transformée en appartements et locaux associatifs communaux. André Mialane avait essayé de négocier avec le châtelain, Hippolyte Charamaule, son alimentation en eau à partir du béal en provenance du Vivier et passant sous sa propriété. Des comptes-rendus de procès (1872 - 1878) entre les deux hommes nous apprennent qu’ils n’arrivèrent pas à trouver un arrangement. Aussi, André Mialane chercha-t-il un autre moyen de s’approvisionner. Il trouva un accord avec la municipalité concernant le captage de l’eau de source qu’il amènerait sur son domaine. Un répartiteur, placé à l’entrée de son parc, en distribuerait une partie vers des fontaines publiques sur la rive droite du Gravezon (jardins du chemin de Pancrace, pont Vieux, croix de mission). Il assurerait le financement de la mise en place du réseau et des différentes constructions. En 1875-1876 il lance une souscription. Le 8 juillet 1876, par délibération communale une convention est signée avec Mialane : il s’engage à concéder à la commune et à perpétuité le 1/4 de l’eau captée (les 3/4 restant pour son usage personnel), à fournir les canalisations jusqu’au pont Vieux, à construire un barrage dans le ruisseau. La zone de captage concerne des sources situées sur la rive droite du ruisseau de Nize, sur les propriétés Hugounenc, Baptiste Fourestier, Sauvagnac Clément et Séguier.

   Captage et fontaines existent toujours, mais le répartiteur, élément central, a disparu. Ce petit ouvrage en grès local, remarquablement conçu, ressemblait à la fontaine du pont Vieux. Il abritait les vannes permettant de distribuer l’eau vers les différents circuits. Il fut malheureusement rasé, sans discernement, lors de la construction de la nouvelle école en 2004. Ce système fonctionna plus de 120 ans. C’est également à partir du répartiteur que Mialane, par le biais de béliers hydrauliques, put mettre l’eau courante dans sa maison et alimenter le jet d’eau du bassin de son parc.

Cette porte donne accès au départ de la conduite fonte du captage « Mialane » et à la galerie G1.

 

  Cette galerie (G1) est l’aboutissement du réseau. A ce niveau, la hauteur de la galerie est peu importante. Elle va en augmentant au fur et à mesure que l’on remonte vers les zones d’où l’eau sourd. G1 est longue de plus de 30 mètres.

   Porte permettant de descendre, dans la galerie G3, à l'aide d'une échelle.

   Le site est impressionnant. Qui imaginerait, depuis la surface, de tels aménagements?

 

 

   L’ensemble des parois verticales et des voûtes est maçonné en pierre. La roche mère affleure aux extrémités des galeries et sur le sol. Ce sont les principaux points d’arrivée d’eau. Pour établir ce réseau, Mialane a dû profiter de cavités naturelles préexistantes, qu’il a reliées entre elles, élargies puis stabilisées en édifiant murs et voûtes. Les travaux durèrent jusqu'en 1878.

Plan de la galerie principale G3 Coupe du captage au  niveau de la galerie principale G3

photos L. Osouf

Dessins M. Commeignes

Petit patrimoine