LE MOULIN DE PASSERO

Le moulin en 1941, dessin au fusain de Marie MAISTRE.

Situation :

  Il se situe à mi-chemin entre le hameau du Pont-d’Orb et le village de Lunas, à l’endroit où se côtoient la montagne, la voie de chemin de fer, la route et la rivière de Gravezon. 

Datation : 

  Proposer une année précise pour sa création est impossible. Nous n’avons que des indices : l’acte de vente du domaine de Lunas de VIEL à VAILHé en 1794, mentionne « des moulins ». La vente de VAILHé à son beau-frère OLLIER en 1813, reprend les mêmes termes. N’en trouvant pas trace sur le cadastre de 1827, il faut admettre qu’il est postérieur à cette date. Le premier meunier recensé sur ce site est Pierre Joucla en 1856. La construction du moulin se situerait donc entre 1852 et 1856,  période à laquelle Hippolyte CHARAMAULE propriétaire du château, ayant abandonné la carrière politique, s'occupa plus de la mise en valeur de son domaine de Lunas.  

Nature et destination :

  C’était un moulin à blé ou bladier à roue horizontale, système plus simple et plus rustique que la roue verticale. Le rendement est supérieur à celui du moulin à vent dont le pouvoir d’écrasement est plus faible (le vent étant une source d’énergie plus capricieuse et plus irrégulière que l’eau). Prise à partir d’une chaussée sur le Gravezon, à environ 500 mètres, son eau était amenée par un béal suivant une courbe de niveau et alimentait deux bassins de charge.

Fonctionnement :

  « Le moulin à rodet » est un type de moulin hydraulique à axe vertical. Il reçoit l’eau (contenue dans des bassins) par l’intermédiaire d’un « canon », sorte de conduite forcée la projetant, avec force, sur une roue horizontale composée de « cuillères ». Ce système, relativement facile et économique à réaliser, ne comporte aucun engrenage ni renvoi d’angle : roue motrice et meule tournante, toutes deux horizontales, sont solidaires du même arbre. La vitesse de rotation est suffisante pour entraîner la meule : il n’y a pas besoin de multiplication.

Les transformations :

  Initialement, son équipement était sommaire :

  - un bassin de charge (tine) ;

  - deux pièces au rez-de-chaussée ;

  - deux autres à l’étage, servant d’habitation au meunier ;

  - une auge pour nettoyer le grain ;

  - une aire de battage dallée.

   Vers 1840, Hippolyte Charamaule, dans sa propriété du château de Grandval dans le Tarn, possédait un moulin à trois tournants, pour blé, seigle et froment. Il s’en inspira certainement et fit construire à la suite  du premier bassin qui fuyait, un second d’une capacité double. Il prolongea l’habitation au midi et équipa le moulin de mécanismes plus adéquats, dont Lucien Couderq, « mémoire vive du village » a gardé le souvenir.

    D’après les archives familiales, Hippolyte Charamaule avait même projeté de broyer du grès pour la verrerie du Bousquet d’Orb. Il entretenait en effet de bonnes relations avec Germain Pellet, propriétaire de celle-ci et de la mine.

   Aucune trace comptable écrite ne permet d’avoir une idée de l’activité du moulin. Ceci peut s’expliquer par le mode de faire-valoir pratiqué alors. Le meunier payait un loyer (locaterie) au propriétaire, partie en espèces et partie en nature (farine, volailles,…). Il était donc seul responsable de son activité qu’il dirigeait comme il l’entendait.

    Le moulin cessa de fonctionner aux environs de 1925-1927. 

(selon les indications de Lucien Couderq qui se souvient, dans son enfance, l’avoir vu en activité. Les numéros renvoient aux schémas) 

  A leur arrivée les sacs étaient pesés sur une bascule. (1)

  Déversé dans une trémie (2), le grain, par le biais d’une vis sans fin, était acheminé à l’étage.

  Il tombait dans le dispositif d’alimentation des meules (3).

  Une fois écrasé par les meules (4), un système d’aspiration (5), par l'intermédiaire d'un conduit (6) évacuait le produit vers un blutoir (7). Là, les bluteaux (8), sortes de tamis oscillants, séparaient son et farine. Ces deux éléments, une fois isolés, étaient ensachés (9) puis pesés.

  L’ensemble des organes mécaniques était mû par deux roues horizontales (10), mises en rotation par l’eau. Celle-ci venant du bassin de charge était éjectée par les canons d’amenée (11). L’arbre des roues reposait sur une crapaudine en bronze, incluse dans une poutre de chêne (12).

  La première roue entraînait un axe vertical (13), dont la partie supérieure renvoyait le mouvement de rotation à un arbre horizontal sur lequel se greffaient les mécanismes de la vis sans fin, du dispositif d’aspiration et du blutoir.

  La seconde roue actionnait directement la meule supérieure par un arbre métallique (14). Un dispositif (15 et 16) permettait au meunier, depuis la salle des meules, de régler l’écartement entre la meule supérieure « tournante » et la meule inférieure dite « dormante » car fixe.  

Les numéros renvoient aux schémas :
Coupe schématique du moulin de Passero Plan du moulin

 Moulin dans son état actuel

vue d'ensemble depuis le ruisseau

la voûte de la salle des rodets et l'aqueduc d'amenée d'eau aux bassins de charge 

(Texte de Philippe de Firmas extrait de l'ouvrage "Lunas au fil de l'eau... au fil du temps..." pages 63 à 67)

Le petit patrimoine de Lunas