Les
vestiges de moulins observables actuellement concernent des édifices construits
pour la plupart au XIXème siècle. Toutefois, il faut savoir que, bien
antérieurement à cette période, des moulins existaient sur la commune de Lunas.
Dans différentes études, Hélène et Robert Gourdiole signalent sur Caunas, à la
fin du XVIIe, un moulin à huile au cœur du hameau et un autre à
Longaignol (dont l’origine remonte au XIVe siècle).
Dans une sentence prononcée en 1359 suite à un différend entre
Salomon de Faugères et les syndics de Lunas, on lit : « Interdiction
est faite au Seigneur et à ses successeurs d’empêcher les habitants d’utiliser,
pour arroser leurs jardins, l’eau du béal qui alimente le moulin du Seigneur sur
le ruisseau de Gravezon sauf lorsque cette eau sera nécessaire pour faire
travailler le moulin » (d’après H.
Marc) |
Le moulin des Pipes est
le plus ancien du village. S’agit-il du moulin auquel il est fait allusion dans
la sentence de 1359?
Un document provenant des archives du château apporte une autre
information (si toutefois elle concerne bien ce moulin, mais c’est fort
probable). Il s’agit d’une délibération du parlement de Toulouse, datée du 20
avril 1724 et signée « CAMPA ». Elle statue sur une demande du sieur VIEL
(acquéreur de la seigneurie de Lunas en 1723) au sujet d’un moulin qu’il veut
« déguerpir » (abandonner la
propriété ou la possession d’un immeuble pour se soustraire aux charges
foncières qui le grèvent). On y
lit notamment que le moulin est détruit depuis plus de 10 ans, emporté par une
inondation et que, géré par le prieur de l’église Saint-Pancrace, il appartient
au diocèse de Béziers.
Les photographies du moulin avant sa transformation, nous montrent
un bâtiment traditionnel : murs en galets de rivière et pierres de colline,
toiture de lauzes, escalier extérieur. La salle des meules occupait sans doute
une partie de l’étage, le restant constituant le logement du meunier. La porte
du rez-de-chaussée devait permettre d’atteindre le niveau inférieur, où les rodets étaient installés. A l’arrière se trouvait un bassin de charge alimenté
par l’eau du Gravezon, prélevée au niveau d’une chaussée et amenée par un béal.
La venelle qui longe le moulin (de la Grand’Route à la promenade
des Platanettes) porte le nom de « rue de la Tine » (récipient
servant au transport des liquides ou du raisin. Par extension, désigne un
réservoir d’eau). Cette
appellation nous indique que derrière le bâtiment existe un bassin de charge
fournissant l’énergie nécessaire au fonctionnement des rodets.
Vers 1850, Hippolyte Charamaule, avocat, propriétaire des lieux,
modifie l’alimentation en eau : il substitue au Gravezon, l’eau de la source du
Vivier, située sur la rive gauche, qu’il amène au béal par un aqueduc
franchissant la rivière dans le mur de la chaussée. Le 13 septembre 1875, une
importante crue provoque un éboulement du talus de remblais soutenant la voie
ferrée au niveau de cette chaussée. Le béal est alors obstrué. Par voie de
conséquence, les bassins du Vivier dont l'eau ne s'écoule plus normalement par
ce canal, débordent, endommageant ainsi leurs murs de soutènement. Hippolyte
Charamaule engage alors un procès contre la Compagnie des Chemins de Fer du Midi
et du Canal Latéral à la Garonne. Sa plaidoirie nous apporte quelques éléments
sur ce moulin mal connu.
On y lit « ...un
ancien moulin à blé, à trois meules, établi dans l'enceinte du village, et qui
avait été engagé dans un bail à locatairie, du 3 frimaire an VII (24 novembre
1799), résilié depuis... »
Il semblerait qu’il ait cessé son activité vers 1870, date à partir de laquelle
les recensements, d’ailleurs, ne révèlent plus la présence de meuniers dans
cette partie du village. Il est probable que le moulin de Passero, plus moderne,
appartenant également à Hippolyte Charamaule, ait concentré l’activité minotière
lunassienne.
Quant à son actuelle
dénomination de « moulin des pipes » il faudrait y trouver une tentative de
reconversion au début du XXe siècle où ce moulin aurait été
transformé en atelier de production d’ébauches de fourneaux de pipes. Les collines
du Causse Nord, riches en bruyères arborescentes, auraient fourni la matière
première (information provenant d’une interview de Madeleine Couderq née Ciffre,
enregistrée par Michel Chatain en août 1972).
Un compte rendu d'unr réunion du conseil municipal de 1862 confirme les dires de
Madeleine Couderq née Ciffre... Cliquez
|