LE CHÂTEAU DE LUNAS LES BARONS DE NARBONNE-CAYLUS (1516 à 1706) |
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D'après l'étude du Docteur Henri MARC - novembre 1979- "Lunas porte de l'Escandorgue" |
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Béatrice de FAUGERES, épouse :
Jean de NARBONNE-CAYLUS, qui, par son mariage avec Béatrice de FAUGERES, était devenu Baron de Lunas, meurt en 1534, laissant à son fils Claude la Baronnie de FAUGERES, LUNAS et autres lieux. Sa veuve, Béatrice, à laquelle avaient été laissés les tènements de SOURLAN et de Serremejane, se remaria six ans après, le 12 Octobre 1540, avec Jean de CLERMONT, dont elle eut une fille, Françoise de CLERMONT . De son côté, CLAUDE de NARBONNE, qui avait embrassé la religion réformée, contracta mariage en 1544 avec Marguerite de GEP de FOS, laquelle lui apporta en dot la seigneurie de Roquessels. Très tôt, Claude se révéla comme un Seigneur autoritaire, exigeant de la population, outre les droits seigneuriaux ordinaires, dautres taxes fort lourdes frappant les grains, lhuile, le vin, les coupes de bois, charges que les habitants de Faugères et de Roquessels déclarèrent " insupportables " et en appelèrent au Sénéchal et à larbitrage du Parlement. Mais, cest surtout en qualité dhomme de guerre que Claude de NARBONNE-CAYLUS, a laissé son nom dans lhistoire: Huguenot, ainsi que son épouse, alors que sa mère Béatrice et la quasi totalité des habitants de Lunas restent catholiques, il va prendre une part très active aux six premières guerres de religion. De 1562 à 1577, il est pratiquement toujours en campagne.
Durant ces quinze années il intervient un peu partout dans ce Bas-Languedoc, où les armes opposent catholiques et protestants en de tristes luttes fratricides . Sil fait preuve de courage, et même parfois de cruauté, il se révèle comme lun des grands capitaines huguenots, et, en fait, il détient au lendemain de la Saint-Barthélemy, le commandement en chef des armées de la Réforme pour les Diocèses de Béziers, Narbonne et Lodève, ville dont il se rend maître le 4 juillet 1573, quil saccage avec férocité, profanant même la châsse de St FULCRAN, objet de vénération très cher à la population lodévoise . Ce dernier exploit ne pouvait attirer au redoutable baron que dimplacables rancunes . Tant et si bien, que, grâce à un complot, auquel, a-t-on dit, sa mère Béatrice naurait pas été étrangère, il est trahi et assassiné une nuit de fin Février 1578, alors quil se trouve dans son Château de Lunas avec le Capitaine NOGUIER et une garnison de trente hommes. Sa tête, assure-t-on, fut portée à Lodève "où lon sen joua dans les rues comme il lavait fait lui-même de celle de St-Fulcran ". Le lendemain, à laube, Béatrice de CAYLUS, alors âgée de 74 ans " annonce à ses manants et habitants de Lunas que le Baron a été tué dans la nuit par des gens entrés par surprise, quelle reprend son fief, et quelle assurera la garde du Château et de la ville ".(SEGUI) En réalité, elle confie la baronnie à Etienne de CAYLUS, Seigneur de COLOMBIERES, mari de Béatrix, fille de Françoise de CLERMONT, sur utérine de Claude, dont le fils Jean de NARBONNE-CAYLUS se trouve ainsi bel et bien évincé. A ce sujet de mécontentement sajoute aussi pour Jean de NARBONNE la rancur quil ressent de limpunité, dont paraissent jouir les assassins de son père. Dès lors, dès le début de la septième guerre religieuse, le voilà répondant avec empressement à lappel du Roi de NAVARRE. Il prend Cabrières, quil consent à restituer en décembre 1584. LEdit Royal du 18 Janvier 1585 révoquant tous les édits antérieurs de tolérance, accordant six mois aux calvinistes pour se convertir ou quitter le royaume, rallume la guerre. Du fait de la rivalité, qui, depuis 1582, sétait instaurée entre les Maisons de MONTMORENCY et de JOYEUSE, la province du Languedoc se trouvait alors pratiquement séparée en deux parties, certaines places étant demeurées fidèles au Duc, dautres sétant déclarées dobédience à JOYEUSE . Avec une assez forte armée MONTMORENCY entreprend de ramener sous son autorité les Places soumises à JOYEUSE. Cest ainsi quen Octobre 1585, après avoir investi Lodève, il envoie un contingent de 800 hommes sous les ordres du capitaine GRANIER, assiéger le Château de Lunas, où JOYEUSE avait laissé une Garnison, et où résidaient toujours, depuis le mort du baron Claude, Béatrice (Madame de FAUGERES la vieille) et Etienne de CAYLUS, Seigneur de COLOMBIERES. Le siège dura dix jours, après lesquels la garnison obtint une capitulation honorable. COLOMBIERES dut se rendre à Capestang avec sa troupe. Le Château de son père était restitué à Jean de NARBONNE-CAYLUS dont la grand-mère, Béatrice de FAUGERES, fut autorisée à y demeurer avec deux servantes. Quant à "Mademoiselle", la veuve du Baron Claude, cest à FAUGERES quelle continuera de résider de son plein gré, désirant probablement rester éloignée des lieux où son mari avait été assassiné. La mort de la vieille Béatrice, en 1588, ne changera rien pour elle à cette décision . Le nouveau Seigneur de Lunas épouse le 1 er Janvier 1589 Antoinette du CAYLAR, fille de Monsieur DESPONDEILHAN, avec lequel il avait eu loccasion de se lier damitié. Avec elle, il connaît le parfait amour derrière les murailles du Redondel, traque le cerf et la biche, car la tranquillité est revenue dans le midi de la France, cependant qu' Henri de BOURBON, Roi de NAVARRE, entreprend la conquête des provinces du Nord. Bon et Généreux envers les habitants de sa terre, le Baron Jean nexige deux que des charges si raisonnables que ceux-ci en maintes circonstances ajoutent bénévolement à ces redevances " galines et conils " (poules et lapins). Antoinette du CAYLAR lui donna trois fils :Guilhaume en 1597, qui mourut très jeune, Henri, qui naquit le 15 Juillet 1604, et Jacques en 1607. Mais voilà qu' en 1621, les Calvinistes, nacceptant pas le rétablissement du culte catholique dans le Béarn, le Bas-Languedoc protestant se révolte, et que commence une lutte semblable aux guerres religieuses du XVI ème siècle, peut-être même plus abominable, chaque parti " faisant le dégât ",cest-à-dire ruinant les fermes, saccageant les villages, détruisant les récoltes. RIGNAC (avec une compagnie de gendarmes) reçoit, début 1622, ordre du Duc de Montmorency de reconnaître Lunas, clef de passage du Rouergue au Pays-Plat. Renforcé dune quarantaine de mousquetaires et dautant de soldats du Régiment de Languedoc, il fait " sauter au pétard " la porte dite du Redondel, cependant que sopère rapidement lencerclement complet du Château, qui est attaqué le lendemain, une mine ayant été placée durant la nuit sous la grosse tour. La situation devient critique pour Jean de NARBONNE, qui est sauvé de justesse par larrivée de son beau frère, Henri dESPONDEILHAN, porteur dune transaction permettant la cessation des hostilités. Jean de NARBONNE conservait la vie, mais devait remettre Lunas et Faugères. Il quitta Lunas le surlendemain avec 80 soldats, RIGNAC devant assurer le commandement de la place. Faugères, par contre, dont les habitants refusèrent douvrir les portes, dut subir un bombardement de huit jours. Encore une fois, par lintermédiaire de son beau-frère dESPONDEILHAN, qui sétait porté garant de sa fidélité à la couronne de France, le Baron Jean de NARBONNE retrouve en 1625 son Château de Lunas, qui lui est restitué. A son décès, survenu un an après (1626) la Seigneurie revient à son second fils, Henri de NARBONNE, âgé seulement de 22 ans, dont lardeur et lenthousiasme de la jeunesse lui permettent de ne pas se sentir engagé par les promesses de son père. Il se rallie donc au parti du Duc de ROHAN et prend les armes. La réaction de MONTMORENCY est immédiate. Ses troupes rasent dabord le Château de Faugères, puis attaquent celui de Lunas, dont la garnison affamée dut se rendre après cinq semaines de siège, le 26 Février 1627, le commandement en étant confié à ANNIBAL, frère naturel de MONTMORENCY. Bloqués dans les Cévennes, les protestants du Languedoc, fidèles au Duc de ROHAN, apprennent la chute de la Rochelle. La soumission est alors leur seule issue, et ils acceptent du Cardinal de RICHELIEU la Grâce dAlais (1629), garantissant aux huguenots la liberté du culte, légalité absolue avec les catholiques, sous condition expresse de la démolition des fortifications de toutes les villes et des points stratégiques . Le nid daigle du Redondel avait vécu. Henri de NARBONNE na alors que 25 ans. Il tient ses engagements, détruit son Château et en construit un autre au pied du Redondel, au confluent du ruisseau de St Georges et de la rivière du Gravezon. Isabeau de VIGNOLLES, sa première femme, étant décédée à une date qui ne nous est pas connue, le Baron de Lunas contracte mariage en 1641 avec Isabeau de BARGELON, qui lui donne deux fils, Pierre et Jean Gabriel Henri, ainsi quune fille Anne-Isabeau. Il est à présumer que la construction du nouveau château dut entraîner des dépenses sérieuses, et que le Baron Henri abusa peut-être en la circonstance de la bourse des habitants. En effet, par lintermédiaire de leurs syndics, Charles BRETON, Claude JEAN et Jean Antoine SALVAGNAC, un "grand et fâcheux" procès opposa en 1658 les gens de Lunas à leur Seigneur, les premiers se plaignant de ce que le dit Seigneur de Lunas exige plusieurs droits seigneuriaux, qui ne sont pas compris dans les anciennes reconnaissances, qui leur avaient été octroyées en 1248 par Godefroy de FAUGERES, et par la sentence arbitrale du 25 Septembre 1359. Ils demandaient en outre cassation dune transaction intervenue le 28 Avril 1644 leur interdisant de "sassembler ni de tenir aucune délibération tant pour lélection des Consuls que pour les autres affaires publiques sans la permission du Seigneur, ou, en son absence, de ses officiers". De son côté le baron de Lunas prétend navoir exigé des habitants aucun droit ni reconnaissance non conforme aux dispositions antérieures, ajoutant " quil nentendait troubler les dits habitants dans les anciennes concessions et privilèges". Larbitrage du différend est confié à Maître Pierre de MALACAN, avocat à la cour, pour les habitants de Lunas, à Maître Jean TICIE et Jean DESCOURBIAC pour le Seigneur. La sentence est rendue le 4 septembre 1658 en la ville de CASTRES, Sénéchaussée de Carcassonne. En un très long et très copieux document, après quil eût été bien précisé "quau Seigneur de Lunas appartient toute la justice, haute, moyenne et basse, ainsi que diverses reconnaissances et profits dans toute létendue de la dite terre", et que "tenus de rendre hommage au dit Seigneur et à ses successeurs, les consuls du lieu iront tant au nom de la communauté quau nom de chaque particulier rendre le dit hommage et prêter serment de fidélité entre les mains de leur Seigneur nu-tête et à genoux ", les droits et devoirs respectifs de chaque partie sont minutieusement détaillés. Nous y trouvons en effet précisé avec force détails les taxes dusage, le droit de four, la taxe de labourage, les droits de pâturage, du ramassage du bois, ceux de la pêche et de la chasse, lutilisation des eaux des rivières et des ruisseaux. Les habitants obtiennent la liberté de sassembler sans le consentement du Seigneur pour toutes les affaires publiques autres que lélection des Consuls. Les criées et proclamations seront désormais faites tant au nom du Seigneur quen celui de la communauté. Enfin, le Seigneur participera au payement de la taille et des deniers royaux . Au décès dHenri de NARBONNE-CAYLUS, Baron de Faugères, Lunas, Sourlan et autres lieux, le 27 Septembre 1659, la Seigneurie revenait de droit à son frère cadet Jacques de NARBONNE, qui, par acte du 21 Septembre 1675, la céda à son neveu Pierre de NARBONNE, lequel en 1685, après la révocation de lEdit de Nantes, fit avec sa famille acte dabjuration de la religion réformée, recevant, le 6 Mai suivant, confirmation et communion en lÉglise paroissiale St Pancrace, de Lunas, des mains de lillustrissime et révérendissime Monseigneur lEvêque et Seigneur de Béziers, Arnaud Jean de ROTONDY de BISCARAS. Il est à croire que labjuration du Baron Pierre dut être plus politique que sincère, puisque en 1687 il quitte la France, émigre à Berlin où il mourut en 1694. Son frère cadet, Jean Gabriel Henri, par contre, se soumit entièrement à la couronne de France. Il obtient du Roi la restitution de ses terres en qualité de Marquis de Faugères, Seigneur de Lunas et autres places. Il est chevalier de lordre de St Louis et Mestre de camp de cavalerie. Il épouse en 1704 MarieAnne de PASCAL de St FÉLIX, mais ce mariage neut pas de lendemains très heureux, puisque moins de deux ans après, Jean Gabriel Henri de NARBONNE-CAYLUS, faisant partie de l'armée d'Italie au début de la guerre de Succession dEspagne, trouva la mort sur le champ de bataille en 1706. |
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