Casimir MAISTRE (1867 - 1957)

Manufacturier à Villeneuvette

    A son retour d'Afrique, Casimir MAISTRE devient célèbre : à 25 ans il reçoit la Légion d'honneur et en 1894 la société de Géographie lui décerne la médaille d'or. Il donne de nombreuses conférences.

   Toutefois, sa santé ébranlée au cours de ses expéditions, l'amènera à refuser une nouvelle mission que le président Sadi CARNOT veut lui confier vers le Haut-Nil. Il s'attache alors à participer, aux côtés de son père, à la gestion de la manufacture de Villeneuvette.

    Le 26 novembre 1895, il épouse Valentine GUERRE. C'est à partir de ce moment que Casimir MAISTRE entre dans l'histoire de Lunas... En effet, Valentine GUERRE est la petite-fille d'Hippolyte CHARAMAULE. Le domaine et le château de Lunas font partie du patrimoine familial maternel. En 1917, au décès de sa mère, Pauline-Claire CHARAMAULE - GUERRE,  "Valentine assure la suite de l’exploitation et ne manque pas « d’ouvrir en grand la maison » pour sa nombreuse famille. Elle y fait de fréquents séjours, surveillant les récoltes de fourrage et « gouvernant son monde » depuis le régisseur jusqu’à la dévouée cuisinière Marie MILHAUD" ( d'après Philippe de FIRMAS "LUNAS chronique d'une AOC familiale, (alliance OLLIER-CHARAMAULE" - page 34)

   Les jeunes mariés effectueront un long voyage de noces en Egypte.

   C'est dans le château de Lunas que Valentine, sa femme, aménagea une grande pièce où il put installer, dans des vitrines, une bonne partie des collections ramenées de son expédition au Congo. Ce faisant elle associa Lunas à la passion de son mari pour l'Afrique et lui fit ainsi partager son attachement au village.

La manufacture de Villeneuvette : (informations empruntées au site http://pagesperso-orange.fr/pat.hernandez/villeneuvettevisite.htm )

    Créée en 1673, la manufacture n'entre dans la famille Maistre qu'en 1803, où, suite à un héritage de sa femme, Joseph Maistre rachète  les parts de ses belles-sœurs, pour en devenir l'unique propriétaire. Ses fils (Hercule et Casimir) puis son petit-fils, Jules (en 1860) en reprendront successivement la direction.

    Dans les années 1870, quatre cents ouvriers travaillent pour Villeneuvette. Le produit annuel de l'usine varie entre huit cents et neuf cents mille francs. Parallèlement, les terres du domaine sont cultivées en vignes, blé, luzerne. L'agriculture fournit un revenu complémentaire et emploie les ouvriers en période de chômage.

  Le logement leur est fourni. De plus, Joseph MAISTRE lotit le jardin d'agrément qui doublait au Nord la superficie de la manufacture et attribue une parcelle à chaque famille. Ce lopin constitue une base non négligeable pour l'alimentation. Le pain et la viande, vendus à bas prix, s'ajoutent à ces avantages. Les ouvriers reçoivent le droit à l'instruction et à «l'assurance sociale». Dès 1803 l'obligation scolaire est établie pour tous les enfants jusqu'à douze ans. Deux instituteurs leur dispensent l'enseignement élémentaire dans l'école communale. Celle-ci est cofinancée par la famille Maistre et les ouvriers, comme la mutuelle fondée en 1818 et appelée ici « caisse d'épargne ». Chaque ménage donne six francs par an à celle-ci, le patron verse le double de l'ensemble des cotisations ouvrières. Sur cette réserve, il distribue des allocations à tout ouvrier malade pendant la période où il ne peut travailler. De la sorte, le « chômage forcé » n'entraîne pas la pauvreté et l'on évite la précarité de la condition ouvrière où la survie dépend du salaire quotidien. La journée de travail commence à cinq heures et demie du matin par un appel au tambour et se termine à 17 heures. A partir de 21 heures, on ferme les portes et les ouvriers sont tenus de passer la nuit dans l'enceinte de Villeneuvette ! Certains d'entre eux, peu nombreux, préfèrent quitter la commune mais la plupart demeurent et il est des exemples étonnants de familles résidant à Villeneuvette pendant 200 ans. Cette situation ne pouvait qu'avoir des répercussions politiques. Lorsqu'en décembre 1851, participant au mouvement de protestation contre le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, les ouvriers des villes textiles de l'Hérault prennent les armes, on trouve, à Villeneuvette, la réaction inverse. Les habitants s'arment aussi, mais pour lutter éventuellement contre leurs voisins républicains ! On se doute bien qu'un tel système au cœur du «Languedoc rouge» à proximité de villes républicaines comme Clermont-l'Hérault et Lodève fut l'objet d'acerbes critiques. Les socialistes ne furent pas les seuls à dénoncer dans le «système Villeneuvette» une forme d'esclavage des ouvriers.

   Il reste que l'entreprise est remarquable par sa longévité. Les difficultés économiques seules y mirent un terme. Après avoir tourné à plein entre 1914 et 1918, les ateliers subissent, dans l'entre-deux guerres, une diminution irrémédiable des commandes de l'État. Celui-ci s'adresse à des centres de production plus compétitifs. La Première Guerre mondiale marque également un tournant dans la vie de la communauté ouvrière qui commence à s’affirmer par des revendications et un début d'organisation autonome. Le 23 juin 1917, la première grève de l'histoire de la manufacture éclate à propos des salaires. Les Maistre accordent aussitôt les augmentations réclamées, qui varient entre 12 % et 43 % selon les catégories, et le travail reprend le lendemain. Le premier et unique conflit de Villeneuvette n'a duré qu'un jour. En 1935 des ouvrières fondent une section locale de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne. L'année suivante, les ouvriers regroupés en syndicat s'affilient à la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens, marquant ainsi, par leur choix, leur opposition aux grèves de juin 1936.

   En 1948, âgé de 81 ans, Casimir Maistre cède la direction de la manufacture à ses neveux Camille et Jean, mais Villeneuvette fermera ses portes en 1954.

L'entrée de la manufacture de Villeneuvette.

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