La scolarisation dans le canton de Lunas et l'arrondissement de Lodève en 1822 d'après J.M. Amelin, professeur de dessin à l'Ecole Royale du Génie... |
Au cours de son périple, J.M. AMELIN a soigneusement relevé, commune par commune, des données lui permettant de disposer d'une vue d'ensemble de l'enseignement dans l'Hérault en 1822. C'est ainsi qu'il a noté pour le canton de Lunas la situation suivante : "Il y a dans ce canton 11 maîtres suivant l'ancienne méthode, dirigeant 181 élèves environ; 1 suivant la méthode des frères, avec 15 écoliers; enfin 1 par la méthode d'enseignement mutuel, ayant 28 élèves; total 13 maîtres et 224 élèves." Ces données nous montrent que la situation scolaire n'a pas beaucoup évolué depuis la Révolution, malgré les différentes consignes d'instauration d'un enseignement pour l'ensemble des citoyens. ( Voir "L'instruction publique et la Révolution" ). Il établit également un bilan plus large pour l'arrondissement de Lodève dont Lunas fait partie : Sur une population de 55 380 habitants, il dénombre : - "2 330 sujets recevant l'instruction primaire" ( 4,2%) - "environ 72 y reçoivent une instruction un peu supérieure, c'est-à-dire que 72 individus écorchent un peu de latin, écrivent passablement leur langue et peuvent faire de routine d'assez grands calculs de banque et de commerce, sans plus réfléchir pour cela" (0,13%) - " enfin 4 élèves étudient au Collège Royal de Montpellier" ( 0,007%) - "100 à 105 professeurs et maîtres de tout ordre" J.M. Amelin dresse un tableau négatif, mais sûrement réaliste de la situation de l'enseignement dans l'Hérault. Dans l'instruction primaire " ... il faut de plus observer que, généralement, les maîtres savent seulement lire, écrire et chiffrer, c'est-à-dire que c'est une merveille, sauf de très légères exceptions, quand ils sont capables de faire machinalement une règle de trois simple et directe". Dans l'instruction secondaire, dispensée dans les "collèges et pensions" les élèves apprennent " l'orthographe, un peu de latin et l'arithmétique". Quant au Collège Royal on y apprend " outre les connaissances dont nous venons de parler, un peu de rhétorique ébauchée, du latin, dont ils ne se servent guère par la suite, et un atome de sciences exactes et naturelles". Pour améliorer l'enseignement il avance diverses solutions : "Augmenter les écoles primaires et en modifier la direction" "Augmenter le nombre des écoles secondaires et en étendre l'instruction" "Diminuer de moitié le nombre d'années employées à l'étude du latin, dans les collèges, et augmenter beaucoup le temps employé aux mathématiques, physique, etc; ou, ce qui serait probablement mieux, substituer à l'étude du latin, dans la majeure partie de ces établissements, celle des langues vivantes, qui serait plus facile et incomparablement moins longue et plus utile. Qu'on enseigne également dans ces établissements, le dessin géométrique, conjointement avec l'autre, ainsi que la géométrie descriptive qui en dirige les applications". |