Paul OLLIER raconte le Pont-d'Orb... (1) |
Présentation du quartier Je suis né dans la maison de mes parents et de mes grands-parents, dans le quartier du Pont-d’Orb, commune et canton de Lunas, arrondissement de Lodève, département de l’Hérault, province du Languedoc. il se situe dans les Hauts-Cantons du département de l’Hérault, au croisement de deux voies de circulation autrefois importantes, l’une nord-sud : l’ancien chemin de Clermont-l’Hérault à Ceilhes, l’autre ouest-est : la route départementale Lodève-Bédarieux. Le chemin de Clermont-l'Hérault à Ceilhes débouchait dans le quartier par la route de Dio, de Caunas et longeait ensuite la rive gauche de l’Orb vers Taillevent, Sérièys, Truscas et Ceilhes. La route départementale de Lodève à Bédarieux n’a été convenablement aménagée qu’en 1840 comme l’explique le docteur Brunel (1881-1964) dans son étude « Le passé de la haute vallée de l’Orb » publiée par la société Archéologique et Historique des Hauts-Cantons. Il s’est appelé le Pont-d’Orb parce que les habitations qui le composent se trouvent réparties d’une part dans la commune du Bousquet-d’Orb et d’autre part dans la commune de Lunas, sur chacune des deux rives du petit fleuve côtier, l’Orb. Le pont élevé sur ce cours d’eau a certainement motivé le nom donné au quartier. Je ne sais à quelle date remonte la construction de ce pont. Le docteur Brunel, toujours lui, en fait mention en 1745, année d’inondations mémorables dans l’étude précitée, à la rubrique « les inondations dans la vallée de l’Orb en 1745 ». Cette année-là, ce pont a dû être réparé parce qu’il avait subi de sérieux dégâts. « L’an 1750 et le 20ème jour du mois de septembre les consuls de la communauté de Lunas délibérèrent sur les réparations à faire aux différents ponts qui furent entièrement dégradés par l’inondation de 1745, de telle façon qu’il n’est pas possible d’y passer sans risquer de se précipiter, comme il est arrivé à deux ou trois personnes à cause que les-dits ponts se trouvent complètement démantelés ». Le montant des réparations s’est élevé à 1038 livres-tournois 8 sous (la livre-tournois était la seule monnaie de compte de 1667 jusqu’au franc germinal de 1803). Le pont a dû être consolidé à nouveau, après les inondations de 1930. Lorsqu’on va du Bousquet à Lunas on traverse le quartier du Pont-d’Orb. Il s’étend du bas de la descente de la place de la mairie jusqu’à l’Orb : c’est le Pont-d’Orb rive droite, et de l’Orb jusqu’au tournant de Passero ou de Combebacou, dans la commune de Lunas : c’est le Pont-d’Orb rive gauche. Il ne s’agira dans les lignes qui suivent que du quartier rive gauche. La rivalité des deux communes, l’une essentiellement rurale et bourgeoise, celle de Lunas, l’autre industrielle et ouvrière, celle du Bousquet, est mémorable. Loin de moi, cependant, résidant rive gauche, l’idée de discréditer le monde du travail du Bousquet, rive droite : celui des mines de charbon ou celui de la verrerie. J’ai habité d’un côté et besogné de l’autre lorsque je suis rentré dans le monde du travail ! Sur la rive gauche, il y avait des fours à chaux. Mon grand-père, Jean Hippolyte Marius Rivière (1865-1925) époux Cabanes Lucie Philomène (1872-1958) en ont été les derniers exploitants. J’ai reçu, il y a quelques années, Pierre Salles... Il m’a parlé de ces fours à chaux me disant qu’il possédait une carte postale datant des premières années du XXème siècle portant en légende « avenue du Pont-d’Orb - Four à chaux »... Il s’agit d’une carte postale vendue par H. Oustric, le Bousquet-d’Orb, tenancier du petit bazar de cette localité. Elle aurait été postée dans les premières années de 1900. Elle est affranchie à 5 centimes, la date du cachet de la poste n’est malheureusement pas lisible.
On voit, au premier plan, la route du Bousquet-d’Orb. C’est celle qui aurait été aménagée en 1840. Les platanes qui la bordent n’ont apparemment qu’une quinzaine d’années. La photo pourrait avoir été prise quelques années avant 1900. On pourrait le vérifier en connaissant la date de construction des deux maisons du premier plan : celle de Bral, complètement à gauche, Bral le père de Louis et de Francis, tous deux à peu près de mon âge, et au centre, celle de « La Bousquelle » la marchande de jardinage que j’ai connue pour y avoir acheté, maintes fois, des plants de légumes à la demande de ma grand-mère. On distingue très bien, au second plan, les installations de fabrication de chaux de mes grands-parents. La confrontation de cette carte, d’une part avec le plan cadastral Napoléon du quartier, datant de 1827 que j’avais demandé aux archives départementales, et d’autre part avec les documents des archives de la famille, permet un essai de reconstitution de la construction du quartier. |