Fulcrand OLLIER (1752 -1834) à

   Fulcrand Ollier fut propriétaire du domaine de Lunas de 1813 à 1834. Toutefois dans l'histoire de Lunas on retrouve ce personnage dès 1794, année où,  notaire à Lodève, il établit l'acte de vente du château et des terres entre Jean Antoine Vaillé aîné, négociant, d'une part et les descendants Viel (Antoine Louis François Viel d'Espeuilles et son frère Antoine Pierre  Viel de Lunas), d'autre part. La vente a lieu le 23 août 1794 (16 fructidor an II). Elle est très avantageuse pour l'acheteur qui en règle le montant en assignats (payable en 3 fois) sur deux ans. Fulcrand Ollier et Jean Antoine Vaillé se connaissaient bien puisqu'ils étaient beaux frères : l'épouse de Fulcrand Ollier, Marie, était la soeur de JA Vaillé. Les deux hommes exploiteront d'ailleurs conjointement la propriété de Lunas jusqu'en 1813, année où JA Vaillé, veuf et vieillissant, la cèdera à Fulcrand Ollier.

Biographie de Fulcrand OLLIER (1er volet de 1752 à 1789)

    Son père Joseph Ollier est originaire du sud Aveyron, à Saint-Xist-d'Arbussel (entre Le Clapier et Fondamente). Il y a été baptisé le 5 décembre 1717. En janvier 1740 il  se marie avec Anne Combes à Lodève  où il s'est établi. Trois enfants naîtront de cette union : Joseph, Marie et Fulcrand. Ce dernier, né le 10 janvier 1752 fit de solides études de droit à Toulouse. En 1772, âgé de 20 ans, il revient à Lodève comme notaire royal et receveur des gabelles de Pégairolles, Fozières, Aubaignes et autres lieux. Le 23 février 1778, il épouse, à Lodève, Marie Vaillé (son aînée de six ans) se faisant ainsi une place dans le milieu  bourgeois lodévois. Par contrat de mariage Fulcrand Ollier avait reçu tous les biens de ses parents, à charge pour lui de leur fournir gîte et couvert jusqu'à la fin de leurs jours. De son côté, Marie Vaillé avait amené en dot 2000 livres.

Fulcrand OLLIER victime d'une agression...

   Le 18 juillet 1784, vers les dix heures du soir, Maître Ollier se promenant sur l’un des chemins royaux qui aboutissent à Lodève, fut attaqué par quatre assassins. L’un d’eux lui porta un coup de sabre sur le col. Il eût été mortel si Maître Ollier ne l’avait paré avec sa main gauche et que l’effet n’en eût été émoussé par la grande quantité de ses cheveux. Malgré ces obstacles, l’arme meurtrière fit une profonde blessure. Maître Ollier pousse des cris de douleur et prend la fuite. Un autre le poursuit et lui donne plusieurs coups d’épée dans les reins. Ces assassins sont Romiguier dit le dragon, cousin germain des Fabre, Lassalvy et Laurens leurs clercs, et Fébrier fils d’un homme accablé de dettes qu’il a été facile aux Fabre de mêler à leur complot. Ils furent tous « décrétés au corps le 13 août 1784 par le Sénéchal de Béziers. » Mais qui était donc Fulcrand Ollier pour déchaîner ainsi ses adversaires ? « Sa bonne conduite et les talents de Maître Ollier lui ont mérité l’estime de tous les gens de bien. Ses succès excitèrent l’envie des sieurs Fabre frères qui couraient la même carrière. » Fulcrand déploya là tout son talent et toute son énergie pour se faire rendre justice et, mis à part une grande peur et une belle cicatrice qu’il gardera toute sa vie, le cours des affaires continua de s’écouler sans incident majeur.

 

 Un portrait de 1792...

   Ce pastel signé et daté 1792, d'une hauteur de 54,5 cm, nous montre maître Fulcrand Ollier, âgé de 40 ans.

A propos de l'auteur de ce pastel...

 cliquez...

  Des informations contenues dans d'autres documents permettent de compléter sa description :

taille : 1,67 mètre ; cheveux châtains ; visage ovale et plein ; front relevé ; yeux bleus ; nez ordinaire : bouche moyenne ; menton rond ; une cicatrice au fond de la joue droite...

 

 

   Bref, un homme de bien, capable et compétent, très actif, dans la pleine force de l’âge. Seul manquait à leur bonheur de pouvoir choyer et élever des enfants.

   Pourtant le « nid » était prêt : dès l’année de leur mariage Fulcrand Ollier achetait en rente viagère, le 31 mai 1778, à Martin, diacre bénéficiaire de la cathédrale Saint-Fulcrand de Lodève et ancien titulaire de la charge de Receveur des Gabelles, une maison, marquée sur son fronton : « CHANGE DU ROI ».

   Sise 4 rue Notre-Dame à Lodève, c’était l’ancien « Grenier à sel » mitoyen de la Maison Commune (mairie de l’époque). Celle-ci fut transférée en 1809 dans l’ancien évêché.

Le receveur des gabelles...

            Toute une série de documents, registres, lettres échangées avec le receveur des gabelles du département de l’Hérault, puis les fermiers généraux à Paris, nous indiquent comment Fulcrand Ollier acquit la charge de receveur des greniers à sel de Lodève.

            Martin, le prédécesseur d’Ollier, ne lui céda la charge qu’à la condition expresse qu’il achète aussi la maison et les entrepôts la jouxtant.

            Le marché conclu, Fulcrand alla de déconvenue en déconvenue : la maison était en plus mauvais état qu’il n’y paraissait, de plus, une note des fermiers généraux arriva après deux mois d’exploitation, l’obligeant à remettre les entrepôts à de nouvelles normes. Enfin, pour couronner le tout, on lui réclamait 2 600 livres pour éponger le compte du sieur Martin vis-à-vis des gabelles. Toute une correspondance s’engagea alors dans laquelle Ollier demandait l’échelonnement de cette dette. Il finit par l’obtenir sur 3 ans, après constat imparable de la situation et des possibilités que lui laissaient entrevoir les premiers résultats. Cette charge a été exercée, parallèlement à celle de notaire et d’avocat pendant onze ans, jusqu’à la Révolution de 1789.

source : "Les châteaux de Lunas, seigneurs et châtelains" Ph. de Firmas - 2023 - édition Gravenize

...à suivre...

  Jeannine & Lucien Osouf - janvier 2025

Figures lunassiennes