Biographie de Fulcrand OLLIER (3ème volet de 1802 à 1809) |
Un
nouveau souffle... Des lettres de Fabrette (la petite Fabre) à son oncle et à sa tante Ollier apprennent qu’elle est en pension à Montpellier. La directrice, Madame Sainte Sophie, sachant que ceux-ci s’intéressent à leur nièce, ajoute chaque fois un petit mot. Puis les lettres s’adressent à maître Ollier seul, et pour cause. Depuis le décès de la mère de Fabrette, (Angélique Fabre née Vaillé) sa belle-soeur, il paie même à sa nièce les frais de la dernière année de pension ; si bien qu’en 1803 (elle a une quinzaine d’années) Me Fulcrand Ollier, âgé de 51 ans, épouse en secondes noces Magdeleine Fabre, sa nièce (Fabrette dans l’intimité familiale). Ce qui peut paraître choquant à l’heure actuelle était, à l’époque, d’une pratique plus fréquente. Bien considéré, vu sa position sociale et ses fonctions, Ollier ne pouvait se permettre de compromettre sa nièce (et lui-même) par une liaison qui n’aurait pas eu l’approbation de la société lodévoise et de sa famille. Nous verrons aussi que ces nouveaux époux ne manquèrent pas de tendresse et d’amour l’un pour l’autre. Monsieur Daude d’Alzon, receveur de l’enregistrement, habitant Lestang du Pouget, ami intime de Fulcrand Ollier, lui écrit le 4 brumaire an XII (27 octobre 1803) : « Voici mon cher ami, la chansonnette que vous m’avez demandée ; je crois que vous la chanterez avec plaisir à votre douce amie, à votre bel ange, et qu’il vous tardera encore plus de lui chanter tout doucement à l’oreille ; je souhaite que cela soit bientôt et que vous soyez tous heureux » et voici la chansonnette : « Isis vous dormez et je n’ose Vous empêcher de sommeiller Quand la sœur de l’Amour repose Son frère seul a droit de l’éveiller. » Malheureusement il manque la musique ! Le ménage, heureux, donna le jour à deux enfants. Hélas, ils moururent en bas âge (la mortalité infantile n’était pas un vain mot !) c’est ce que nous apprennent quelques lettres et surtout le compte de : « M. Damian, mon médecin, qui avait vacciné mon fils et le soignait pendant sa vaccine. Avoir soigné Mlle ma fille pendant sa rougeole et avoir passé une nuit ; plus avoir fait pour la même 15 visites ; plus pour monsieur mon fils avoir fait 37 visites. » Aussi dans un testament du 12 septembre 1808 : « Je soussigné Fulcrand Ollier, avocat et notaire impérial de la Ville de Lodève, y domicilié , jouissant de la liberté de mon esprit et de mes sens : ayant eu le malheur de perdre deux enfants que la providence m’avait donnés et avec eux l’espoir de réparer cette fatale perte, ne tenant plus aux choses de ce bas monde, ay fait mon premier testament olographe contenant mes dernières volontés que j’ay entièrement écrit, daté et signé de ma main ainsi qu’il suit : d’abord et avant tout j’ay invoqué la clémence suprême et j’ay prié le Dieu tout puissant par l’intercession de la glorieuse Vierge Marie et du bienheureux saint Fulcrand mon patron, de vouloir bien me pardonner mes péchés, comme je pardonne bien sincèrement à tous ceux et celles qui ont des torts envers moy. Après ce devoir rempli m’occupant de la disposition des biens qu’il a plu à la providence de me donner dans ce monde, je déclare que je donne et lègue à la chapelle de saint Fulcrand, mon patron, établie dans l’église paroissiale de cette ville une somme de cinq cents francs pour être employée à l’ornement de l’autel et à la décoration de la chapelle exclusivement à tout autre usage. Plus je donne délègue à la confrérie de MM les pénitents Blancs de cette ville, dont j’ai l’honneur d’être membre, pareille somme de cinq cents francs, pour être employée de même à l’ornement de leur autel et à la décoration de leur chapelle ; plus je donne et lègue aux pauvres de l’hôpital de cette ville, une somme de mille francs… » Nous trouverons encore deux testaments, en 1819 et 1831, à chaque étape importante de la vie de Fulcrand Ollier. Le 19 août 1809 Fabrette dut faire une saison aux bains d’Avène, ce fut l’occasion d’une correspondance touchante, d’un mari aux petits soins, envoyant des muscats du Bosc, une ombrelle pour les promenades, des souliers … Il termine en disant : « Adieu je suis rossé de fatigue, mais cela ne m’empêche pas de te donner l’assurance de mon inviolable attachement. Je ne suis jamais fatigué quand il s’agit de cela. Profite du temps je t’en prie, n’oublie pas la seconde prise de sel et crois-moi toujours à toi. Ollier » Et une autre du 23 août 1809 : « Mme Rouaud, qui arriva hier, trempée comme une soupe, me remit ta chère lettre, où j’ai vu avec le plus grand plaisir que les bains te profitent, que ta santé s’améliore et que tu as repris de l’appétit, c’est la plus heureuse nouvelle que tu pouvais me donner. Je t’avoue qu’il me tardait infiniment de recevoir de tes nouvelles, il me semblait, il me semble toujours qu’il y a un an que je t’ai quittée. Heureusement le terme de ton retour approche, ce sera dimanche grand matin que Géraud arrivera pour te prendre, tu pourras partir le même jour et arriver en conséquence dimanche au soir, si tu veux … Je t’embrasse mille fois et vais compter les moments qui s’écouleront jusqu’à ton arrivée. » Enfin le 27 août 1809 : " Géraud vient te prendre pour arriver demain ainsi que tu me l’as marqué. Ma chère amie, je t’attends donc demain avec la plus grande impatience. Arrive le plus de bonne heure que tu pourras, et va doucement en route afin que tu ne prennes pas mal. Je t’attendrai jusqu’à deux heures pour dîner chez Monsieur Loirette qui fait préparer le dîner. Cependant si notre oncle (vaillé) exige que tu dînes chez lui, il ne faut pas le désobliger. Si tu n’es pas arrivée à deux heures je croirai que tu dînes à Lunas. Alors nous dînerons ici et je viendrai après dîner t’attendre à Montplaisir. En attendant ce doux moment, je t’embrasse de tout mon cœur. Ollier » Par ailleurs, un extrait des registres de la confrérie de M.M. les Pénitents Bleus de la ville de Lodève nous apprend qu'en 1809, le frère Fulcrand Ollier faisait un don de 150 francs pour la restauration de la chapelle, à condition que, chaque année, ladite compagnie fasse célébrer une messe pour le repos de l’âme de ses parents et de son épouse. Depuis déjà plusieurs années, Ollier demandait le remboursement de sa caution de receveur des gabelles, mais l’administration se faisait tirer l’oreille. S’apercevant un jour qu’il était enregistré sous le prénom de Jean-Baptiste et non pas celui de Fulcrand, il lui fallut monter un dossier pour faire valoir ses droits. Ce n’était pas tellement la somme : 359 francs encore que, mais surtout celle-ci était assortie automatiquement d’une garantie hypothécaire sur tous ses biens. Enfin la mainlevée fut obtenue en 1809. |
source : "Les châteaux de Lunas, seigneurs et châtelains" Ph. de Firmas - 2023 - édition Gravenize |
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Jeannine & Lucien Osouf -février 2025 |